Les résultats des premières analyses sont tombés après l’incendie de lundi, qui a suscité des inquiétudes sur d’éventuels risques pour la santé ou l’environnement auprès d’une population encore traumatisée par le précédent de l’usine Lubrizol.
Les épaisses fumées ont rappelé de mauvais souvenirs. L’incendie de Lubrizol le 26 septembre 2019, la combustion de 10 000 tonnes de produits chimiques, le risque cancérogène et les dégâts sur l’environnement. Deux ans plus tard, la métropole de Rouen a revécu ce traumatisme, avec le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi des bâtiments industriels dans le même secteur, dont un entrepôt Bolloré Logistics contenant des milliers de batteries au lithium. Plus précisément 12 000, sur un site industriel non classé Seveso (qui ne présentait donc pas de risque d’accidents majeurs).
Le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, avait promis la transparence. Mardi soir, au moment où l’incendie était maîtrisé, la préfecture a effectivement divulgué les premiers résultats des analyses. Ils se veulent rassurants.
Le principal risque provenait de la combustion des batteries automobiles au lithium, qui peut provoquer un dégagement d’acide fluorhydrique dangereux. Sur les 28 points de mesure mis en place par les pompiers sur et aux abords du site, les analyses « ont toutes montré que le niveau d’acide fluorhydrique demeurait à zéro ».
Les pompiers ont aussi contrôlé la présence de monoxyde d’azote, d’acide chlorhydrique, d’acide cyanhydrique et d’acide fluorhydrique dans l’air. Les prélèvements atmosphériques « n’ont pas montré de risque pour la population dans le département », indique le communiqué.
« Avec toutes ces usines, il y aura sans doute d’autres incendies »
Édith Morainville, 71 ans, réside dans la commune de Moulineaux, à environ 500 m à vol d’oiseau de la zone industrielle et était aux premières loges lorsque l’entrepôt s’est embrasé. Elle a vu depuis ses fenêtres des « flammes et des explosions, comme des feux d’artifice. »
« Ni la mairie ni les services de secours ne m’ont prévenue de faire attention (…). On n’était pas rassurés, on a eu peur ! », témoigne la retraitée à l’AFP. « J’ai entendu un gros boum (…) Puis le nuage a commencé à venir vers nous, raconte Joël Wilmet, 71 ans lui aussi. Avec toutes ces usines, il y aura sans doute d’autres incendies mais nous ne vivons pas spécialement dans la peur ».
Il n’y a « ni blessé, ni victime, pas de destruction voisine », s’est félicité le préfet. Le sinistre n’a présenté « aucun risque pour la population », les premiers riverains habitant à plus de 500 m de là.
Mardi, quelques dizaines de personnes s’étaient réunies devant la préfecture à l’initiative d’un collectif de victimes de Lubrizol. « Depuis Lubrizol, on devrait avoir immédiatement accès à la liste des produits stockés en cas d’incendie, les rapports d’assurance également, on a vu que celui de Lubrizol annonçait la catastrophe, actuellement on ne les a pas », a regretté le président de l’association des sinistrés de Lubrizol, Simon de Carvalho.
« Le risque zéro n’existe pas »
« Le risque zéro n’existe pas », a reconnu le maire de Rouen et président de la métropole, Nicolas Mayer-Rossignol lors d’une visite du site. « Notre attente est que ces risques soient circonscrits le plus possible. Des mesures ont été faites et nous demandons une transparence totale ».
Sur place, certains élus s’étaient étonnés lundi que, malgré les épaisses fumées dégagées par l’incendie et la nature des produits, les sirènes n’aient pas été actionnées pour mettre la population à l’abri. « Les alertes ont pu paraître longues à arriver mais il faut bien comprendre que l’on ne peut communiquer que lorsque l’on a les bons éléments », s’est défendu Julie Lesage, maire PS de Grand-Couronne, soulignant la rapidité avec laquelle les pompiers ont pu « fournir des analyses de qualité de l’air ».
Les causes de l’incendie sont inconnues à ce stade. Le procureur de la République de Rouen a annoncé l’ouverture d’une enquête.
AFP