« Quand on voit les projections récentes du Giec […] on s’aperçoit qu’il existe des hypothèses où on est à +4°C et cela nécessite que l’on modélise cette trajectoire », a déclaré Christophe Béchu.
Et si l’hypothèse des +2°C était le scénario à prévoir le plus positif ? Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu était l’invité, ce lundi 30 janvier, d’une conférence organisée par France Stratégie intitulée « Adaptation au changement climatique dans les territoires : comment avancer ? ». À cette occasion, il a évoqué les difficultés de la France à atteindre l’objectif fixé par l’accord de Paris, soulignant la nécessité d’anticiper davantage en « modélisant » une trajectoire… à +4°C de réchauffement d’ici à 2100.
Un scénario « pessimiste » à opposer à un autre plus « optimiste » de +2°C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels. « C’est indispensable pour permettre la prise de conscience. », a-t-il assuré. Car en effet, de son côté l’accord de Paris vise idéalement un réchauffement global de +1,5°C, au pire de +2°C.
Ce matin, @ChristopheBechu a annoncé que le #PNACC3 prendra en compte un réchauffement mondial de +2°C, soit +4°C pour la France. Un changement de paradigme en terme d’adaptation et d’organisation de notre société. @I4CE_ @francestrategie pic.twitter.com/zH3blBfT5x
— Valéry Laramée de Tannenberg (@LarameeDe) January 30, 2023
« On ne peut pas s’écarter de cela, parce qu’il faut qu’on continue d’expliquer que l’ambition est bien d’aller vers cela. On ne peut pas capituler », a poursuivi le ministre, avant de nuancer : « Mais quand on voit les projections récentes du Giec, quand on lit les études, on s’aperçoit qu’il existe des hypothèses où on est à +4°C et cela nécessite que l’on modélise cette trajectoire. »
Selon lui, cela est « indispensable pour qu’il n’y ait pas de mal adaptation et pour que, dans toutes les décisions que nous prenons, dès maintenant, on intègre ces éléments dans nos modèles ».
Il est « cohérent » de se « préparer au pire »
Sur Twitter, Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherches au CNRS, approuve les déclarations du ministre et trouve « cohérent » de se « préparer au pire », ou « en tout cas au domaine des possibles impactants », « tout en gardant les objectifs ambitieux pour ne pas l’atteindre ».
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Derrière les sigles obscurs et les chiffres abscons, cette annonce marque un tournant majeur. Il faut prendre le temps de mesurer ce que ce +4ºC implique pour nos territoires, notre quotidien, nos emplois.
Plus que jamais, les ajustements à la marge ne suffisent plus. https://t.co/XPXeJBylVf— Magali Reghezza (@MagaliReghezza) January 30, 2023
Déjà le 22 janvier sur Twitter il expliquait pourquoi il est important de se préparer à ce scénario sombre des +4°C.
Un avis que partage la géographe Magali Reghezza, pour qui cette annonce « marque un tournant majeur ». « Il faut prendre le temps de mesurer ce que ce +4ºC implique pour nos territoires, notre quotidien, nos emplois », appelle-t-elle, estimant que « plus que jamais, les ajustements à la marge ne suffisent plus ».
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Derrière les sigles obscurs et les chiffres abscons, cette annonce marque un tournant majeur. Il faut prendre le temps de mesurer ce que ce +4ºC implique pour nos territoires, notre quotidien, nos emplois.
Plus que jamais, les ajustements à la marge ne suffisent plus. https://t.co/XPXeJBylVf— Magali Reghezza (@MagaliReghezza) January 30, 2023
La France plus durement touchée
Si selon l’Onu la planète va vers un réchauffement global de +2,8°C, indice pris en compte pour les politiques menées actuellement à l’échelle de la planète, la France risque, elle, de subir encore plus durement la hausse des températures. Selon des scientifiques de Météo France et du CNRS, l’Hexagone pourrait voir une hausse de la température moyenne de 3,8°C en 2100.
L’auteur principal de l’étude, Aurélien Ribes, expliquait en octobre que « par rapport aux précédentes estimations, cela représente une révision à la hausse jusqu’à 50 %. Les observations récentes suggèrent que la France s’est réchauffée et va continuer à se réchauffer davantage, et plus vite que ce qu’on pensait jusqu’à maintenant. »
Pour un rapporteur du Giec, François Gemenne, cité par Franceinfo, l’objectif de +1,5°C fixé par l’accord de Paris est « carrément hors d’atteinte ».
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