Le président des États-Unis reproche à l’opposition de faire un chantage au défaut de paiement. De son côté, Kevin McCarthy exige une baisse des impôts et des dépenses publiques.
C’est le face-à-face politique du début d’année aux États-Unis. Joe Biden reçoit mercredi 1er février Kevin McCarthy, nouveau patron républicain de la Chambre des représentants, pour un échange qui s’annonce tendu autour du budget et de la dette américaine. Le duel entre le président de 80 ans et le conservateur de 58 ans, péniblement élu Speaker of the House après plusieurs tours de scrutin, a déjà commencé par communiqués et tweets interposés.
Dans une note distribuée mardi, deux conseillers de la Maison-Blanche, Brian Deese et Shalanda Young, ont fait savoir que Joe Biden avait deux questions pour son interlocuteur. Respectera-t-il «l’engagement fondamental selon lequel les États-Unis ne feront jamais défaut sur leurs créances ?». Quand donc les républicains de la chambre basse publieront-ils leur proposition de budget ?
Plus abrupt, le président démocrate a ainsi résumé lundi les termes de la conversation : «Qu’il me montre son budget, je lui montrerai le mien.» Kevin McCarthy a répondu, via Twitter, en accusant l’exécutif de s’adonner à des «jeux politiques.»
Chantage au défaut de paiement
La Maison-Blanche reproche au leader républicain de faire du chantage au défaut de paiement des États-Unis, sans avoir pour autant de projet budgétaire abouti. La première puissance économique mondiale, comme toutes les grandes économies ou presque, vit à crédit. Mais contrairement aux autres pays développés, l’Amérique bute régulièrement sur une contrainte juridique : le plafond de la dette.
Le Congrès doit régulièrement relever ce fameux «plafond», et le fait généralement sans débat majeur, faute de quoi les États-Unis se verraient dans l’incapacité d’assurer le service de leur dette. Cela précipiterait la finance américaine et mondiale dans l’inconnu. Les républicains ont commencé pendant la présidence Obama à faire de cette procédure législative de routine un instrument de pression politique.
À la tête de la nouvelle majorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy a promis de ne pas faire de chèque en blanc à Joe Biden, conditionnant tout relèvement du plafond de la dette à une baisse des impôts et des dépenses publiques, qu’il juge «hors de contrôle».
«Relever le plafond est une obligation»
Il n’a pour autant pas encore précisé les domaines dans lesquels doivent intervenir ces économies, indiquant seulement qu’il ne comptait pas tailler dans les régimes sociaux, en particulier ceux d’assurance-retraite et d’assurance-santé à destination des plus âgés, respectivement «Social Security» et «Medicare». L’élu de Californie doit composer avec de très vives dissensions dans son parti, par exemple entre républicains va-t-en-guerre et des trumpistes qui veulent réduire les dépenses militaires.
«Relever le plafond de la dette n’est pas une négociation, c’est une obligation», écrivent encore les conseillers de la Maison-Blanche dans les éléments de langage diffusés mardi, en reprochant au nouveau «Speaker» de ne pas étayer ses demandes de coupes budgétaires.
«Les promesses délirantes» de McCarthy
Kevin McCarthy est «un type correct», a lancé Joe Biden mardi, pendant une réception destinée à lever des fonds pour le Parti démocrate. Mais «il a dû faire des promesses délirantes» à l’aile la plus radicale du parti pour se saisir du maillet de bois qui est l’emblème du patron de la Chambre des représentants, a analysé le président.
Tout dépendra de la manière dont Kevin McCarthy, qui est tout sauf un idéologue, analyse la situation politique, après des élections législatives en novembre plutôt décevantes pour la droite. Estimera-t-il qu’il est dans son intérêt de se poser en interlocuteur, coriace au besoin, de Joe Biden ? Ou penchera-t-il pour une position plus intransigeante ?
Selon un sondage mené en janvier et publié mardi par l’institut Pew Research, une majorité de républicains (64%) estiment que leurs élus au Congrès doivent avant tout s’opposer au président démocrate, quitte à faire passer au second plan des décisions importantes pour le pays. Par rapport à la précédente enquête, menée il y a un an, la proportion d’électeurs conservateurs qui estiment que leur parti doit au contraire négocier avec le président démocrate a augmenté, passant de 26% à 34%.
AFP