La maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp a vu ses revenus baisser de 1% par rapport à 2021. Une première depuis l’introduction en Bourse du géant des réseaux sociaux en 2012.
Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) a vu ses revenus annuels baisser à 116,61 milliards de dollars en 2022, soit une baisse de 1% par rapport à 2021, la première diminution de son chiffre d’affaires annuel depuis que le géant des réseaux sociaux est entré en Bourse en 2012.
Mais son titre bondissait de 18% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse mercredi, car le marché s’attendait à une chute plus brutale pour le groupe californien qui navigue à vue depuis un an, face à la concurrence de TikTok et à la crise économique. Autre signe positif, Facebook a atteint les deux milliards d’utilisateurs actifs au quotidien, contre 1,98 milliard fin septembre, d’après son communiqué de résultats. En tout, quelque 3,74 milliards de personnes utilisent au moins un des services de l’entreprise (réseaux sociaux et messageries) tous les mois. Mais ces bonnes surprises ne masquent pas la réalité d’une entreprise qui a connu des jours meilleurs.
Au quatrième trimestre 2022, Meta réalisé un chiffre d’affaires de 32,17 milliards de dollars (-4% sur un an), et a vu son bénéfice net divisé par deux à 4,65 milliards, au lieu des 6 milliards attendus par les analystes. La société inquiète les marchés depuis un an, quand le groupe avait pour la première fois perdu des utilisateurs sur Facebook. C’était peu après son changement de nom et l’annonce de son pivot vers le métavers, cet univers parallèle, accessible notamment via les réalités augmentée et virtuelle, présenté comme l’avenir d’internet. Reality Labs, la branche chargée de développer le métavers, a creusé ses pertes à 4,3 milliards de dollars pendant le trimestre écoulé, après avoir déjà perdu 3,7 milliards au troisième trimestre, et 2,6 au deuxième.
Mark Zuckerberg, le patron du groupe, «va devoir accepter la triste réalité: les entreprises et les consommateurs n’ont pas d’appétit pour les mondes virtuels en ce moment», a commenté Debra Aho Williamson d’Insider Intelligence.
Une «pilule amère»
Comme ses voisins Google ou Snap, Meta souffre à la fois du succès de TikTok, de la diminution des budgets des annonceurs à cause de la crise économique, et des changements réglementaires d’Apple, qui brident les capacités des réseaux sociaux à récolter les données des utilisateurs pour vendre des publicités ultra ciblées. De nombreuses grandes entreprises ont mis en place des plans sociaux d’envergure à l’automne, mais le secteur de la tech, et particulièrement les grandes plateformes, n’avait pas souvent eu à prendre ce genre de mesures jusqu’à présent.
En novembre, le patron Mark Zuckerberg a annoncé que Meta allait supprimer 11’000 postes, soit environ 13% de ses effectifs, choisis dans toutes les divisions des réseaux aux messageries à Reality Labs. Et les embauches sont gelées jusqu’à fin mars 2023. «2022 a été une année désastreuse pour Meta avec les licenciements, la mauvaise conjoncture économique, la concurrence forcenée d’autres plateformes comme TikTok et les critiques sur ses ambitions pour le métavers», a résumé Debra Aho Williamson.
Un retour à la croissance des recettes publicitaires en 2023 requiert, selon l’analyste, que le groupe se concentre sur son cœur de métier, les réseaux sociaux Facebook et Instagram. Mais cela signifie que Meta délaisse un peu son cher métavers – «une pilule amère pour Mark Zuckerberg», note-t-elle. Elle prédit que même si le numéro deux mondial de la publicité numérique (derrière Google) redresse la barre en 2023, sa part de marché va diminuer cette année, après avoir atteint 22% en 2021.
AFP