Le Costa Rica fait passer à la trappe un traité de défense de l’environnement

Le Parlement du Costa Rica a fait passer à la trappe mercredi la ratification d’un traité latinoaméricain de défense de l’environnement dont ce pays, qui se vante d’être un paladin de l’écologie, a pourtant été l’inspirateur avec le Chili.

Le Parlement devait décider ce mercredi au plus tard, à l’issue du délai maximum de quatre ans, soit de ratifier, soit de prolonger de quatre ans le délai pour la ratification de l’Accord d’Escazu, du nom d’une banlieue de la capitale costaricienne où il avait été durement négocié.

Les députés costariciens ont rejeté par 41 voix contre 11 la proposition de prolonger le délai de ratification.

Ce vote a été vivement critiqué par le député Jonathan Acuna du parti de gauche Frente Amplio: « nous passons ainsi d’un pays à l’avant-garde en matière d’environnement à un pays qui ne parvient pas à approuver un Accord international sur des droits minimaux », s’est-il indigné sur les réseaux sociaux.

La députée du parti social-chrétien Melina Ajoy a justifié sur Twitter son vote contre la prolongation du délai par « les considérations des entrepreneurs (…) qui estiment que (le traité) peut remettre en cause le développement » économique du pays.

Le gouvernement pourrait proposer un nouveau débat au Parlement mais cela a peu de chances de se produire puisque l’un des principaux opposants au traité n’est autre que le président Rodrigo Chaves.

A peine arrivé au pouvoir en mai 2022, le chef de l’Etat a dit clairement que l’Accord d’Escazu n’était pas dans ses priorités. « Le secteur privé ne doit pas être inquiet (et savoir) que l’Accord d’Escazu n’est pas à l’agenda du gouvernement », a déclaré le président Chaves. S’il était ratifié, l’Accord d’Escazu retarderait « de manière injustifiée » la relance économique du Costa Rica, a-t-il asséné.

Le traité, adopté en 2018 au terme de six années de négociations ardues à l’initiative du Costa Rica, et souscrit le 27 septembre 2018 dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU, garantit l’accès à l’information en matière d’environnement, le droit à la participation citoyenne aux décisions qui impactent l’environnement, ainsi que la protection des défenseurs de la nature.

A ce jour, 14 pays, et non des moindres, ont ratifié le traité: notamment l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, le Chili, l’Equateur, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, et l’Uruguay.

AFP

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