Un jury californien a déclaré vendredi Elon Musk non coupable de fraude pour ses tweets affirmant en 2018 qu’il allait sortir Tesla de la Bourse.
Un peu de répit pour Elon Musk, en proie à des turbulences dans ses entreprises : un jury californien l’a déclaré, vendredi 3 février, non coupable de fraude pour ses tweets de 2018 affirmant qu’il allait sortir Tesla de la Bourse.
Les jurés sont rapidement parvenus à ce verdict après trois semaines d’un procès déclenché par la plainte d’investisseurs qui estimaient avoir été lésés par les messages du multi-entrepreneur.
Ce dernier avait surpris les marchés, le 7 août 2018, en affirmant sur Twitter qu’il voulait retirer son groupe automobile de Wall Street au prix de 420 dollars par action, soit 23 % de plus que le prix de clôture de la veille, puis en assurant que le financement était « sécurisé ». L’action avait bondi, finissant en hausse de 11 % sur la journée, avant de décliner les jours suivants.
Des investisseurs pariant alors sur une baisse de l’action, des « short-sellers », estimaient qu’Elon Musk avait enfreint les lois boursières en présentant des informations fallacieuses ayant fait grimper l’action, et demandaient des dédommagements.
Le juge en charge du dossier, Edward Chen, avait déjà conclu que les tweets étaient effectivement trompeurs et que l’entrepreneur avait agi « de façon irresponsable ».
Les jurés devaient décider si les tweets avaient artificiellement gonflé l’action et, si oui, dans quelle proportion cela avait pu affecter les plaignants. Ils devaient aussi ensuite déterminer si les membres du conseil d’administration de Tesla pouvaient être considérés comme responsables.
En répondant par la négative aux premières questions, les jurés ont rapidement disculpé Elon Musk et Tesla. « Dieu merci, la sagesse du peuple a prévalu ! », a réagi le patron sur Twitter. « Je suis profondément reconnaissant au jury d’avoir conclu à l’unanimité à mon innocence » dans cette affaire, a-t-il ajouté.
« Un mauvais tweet » mais pas une fraude
Pour Dan Ives, du cabinet Wedbush, cette décision « dissipe une des ombres qui planent sur Tesla ».
Le constructeur de véhicules électriques a bien dégagé des profits record en 2022. Mais au vu de la situation économique, certains investisseurs doutent de la solidité de la demande pour ses voitures aux prix élevés sur un marché de plus en plus concurrentiel.
Elon Musk doit aussi gérer une situation compliquée chez Twitter, qu’il a emporté dans la tourmente depuis qu’il en est devenu propriétaire fin octobre en licenciant plus de la moitié des employés ou en prenant des décisions controversées comme le retour d’internautes suspendus par la précédente direction, dont Donald Trump.
À la barre au début du procès pendant trois jours, le multimilliardaire avait assuré qu’il n’avait « jamais » cherché à tromper les investisseurs. Il pensait vraiment avoir accès à suffisamment d’argent suite à une réunion avec le fonds souverain saoudien, avait-il affirmé en soulignant qu’il aurait aussi pu vendre des actions de son autre fleuron, SpaceX. Tesla avait toutefois rapidement abandonné l’idée de sortir de la cote.
Le gendarme boursier américain, la SEC, estimant que le patron n’avait pas apporté la preuve de son financement, lui a imposé de céder la présidence du conseil d’administration, de payer une amende de 20 millions de dollars et exigé par la suite que ses tweets directement liés à l’activité de Tesla soient pré-approuvés par un juriste compétent.
Vendredi, lors de sa plaidoirie finale, l’avocat des plaignants Nicholas Porritt avait tenté de faire valoir qu’Elon Musk ne pouvait pas impunément avancer des informations erronées pouvant avoir une influence sur les investisseurs.
Les règles des marchés financiers sont là pour s’assurer que « tout le monde respecte les mêmes normes », y compris les milliardaires, avait souligné l’avocat. « Les règles s’appliquent-elles à tout le monde ou Elon Musk peut-il faire ce qu’il veut et ne pas en assumer les conséquences ? »
L’avocat du patron, Alex Spiro, avait de son côté reconnu qu’écrire « financement sécurisé » était « techniquement inexact ». Mais le financement « n’a jamais été le problème », a-t-il répété plusieurs fois. « Ce n’est pas parce que c’est un mauvais tweet que cela en fait une fraude. »
AFP