Les 4 symptômes typiques de l’AVC

Toutes les 4 minutes, une personne fait un AVC en France. Perte de la vision, bras qui ne bouge plus, difficultés à parler, articuler… Il faut savoir reconnaître les premiers signes de l’AVC pour appeler le 15 et réduire les risques de séquelles.

L’AVC est une urgence vitale. Sur 140 000 victimes d’AVC chaque année en France, environ 30 000 en décèdent. Une personne fait un AVC toutes les 4 minutes en France, a rappelé la Société Française Neuro-Vasculaire à l’occasion de la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral qui a eu lieu le 29 octobre dernier. Les symptômes apparaissent brutalement : perte de la vision d’un oeil, de la mobilité d’un bras, difficultés à parler

Près de 25% des AVC surviennent avant 65 ans et le nombre d’AVC entre 35 et 64 ans augmente. Pour rappel, l’AVC survient dans le cerveau quand un vaisseau sanguin est bouché (80% des cas) ou se rompt et provoque une hémorragie (20%). Voici les signes qui doivent alerter avec le Pr Sonia Alamowitch, Chef de service des Urgences cérébro-vasculaires à l’hôpital Salpétrière (Paris, AP-HP).

Combien de temps avant l’AVC surviennent les symptômes ?

L’accident vasculaire cérébral se manifeste par des symptômes neurologiques brutaux. « C’est une caractéristique importante. Les pertes de fonctions neurologiques s’installent brutalement, d’une seconde à l’autre ou sur quelques minutes, parfois sur quelques heures mais soudainement » insiste notre interlocutrice.

Quels sont les 4 types de symptômes neurologiques de l’AVC ?

Les signes de l’AVC sont liés au défaut d’irrigation sanguine du cerveau. On identifie 4 types de symptômes neurologiques soudains 

1. Une perte de mobilité, typiquement sur un hémicorps (complet ou partiel). Par exemple, la personne ne peut pas lever le bras, ne peut plus bouger ni son bras ni sa jambe et a le visage de travers (complet) ou de façon partielle elle arrive à soulever son membre mais ressent une lourdeur, avec une faiblesse musculaire au niveau du bras, de la jambe et la bouche de travers.

2. Une perte brutale du langage (aphasie) : la personne a des difficultés à s’exprimer voire elle n’y arrive plus du tout, elle ne sort aucun mot ou partiellement ou elle arrive à faire quelques mots mais c’est très difficile, elle a perdu son vocabulaire. « Dans le trouble du langage il peut y avoir aussi la compréhension : on me parle mais je ne comprends plus rien » précise le Pr Alamowitch.

3. Une perte de la vision soudaine : soit la personne ne voit plus rien du tout (noir total), soit elle ne voit plus que d’un seul côté. Elle peut avoir l’impression d’un brouillard visuel d’installation brutale.

4. Une perte brutale de l’équilibre : la personne marche comme si elle était saoule, avec un déséquilibre important (ataxie) alors qu’elle n’a rien bu.

La personne victime d’un AVC ne manifeste pas forcément tous ces symptômes : « C’est variable, ça peut être un type de symptômes (mobilité, oculaires, ndlr), parfois une combinaison, plus ou moins sévères, par exemple une hémiplégie droite avec perte du langage » explique le médecin. Tout en sachant que la partie gauche du cerveau commande la partie droite du corps et vice-versa. « La zone du cerveau gauche qui commande les mouvements du côté droit est située près de la zone du langage, si l’AVC survient dans cette zone, la personne ne peut plus bouger le coté droit et ne peut plus parler. »

Schéma d'un AVC
Schéma d’un AVC 

Un mal de tête peut-il être le signe d’un AVC ?

Oui. « Un mal de tête très brutal, soudain, complètement inhabituel comme jamais on a ressenti, peut témoigner d’un AVC correspondant à une hémorragie méningée » répond le Pr Alamowitch. L’hémorragie méningée est différente de l’hémorragie intra-cérébrale. Elle caractérise la rupture d’un vaisseau sanguin dans les méninges qui enveloppent le cerveau alors que l’hémorragie « cérébrale » se produit à l’intérieur du cerveau. Sur les 20% d’hémorragies responsables d’AVC on compte environ 5% d’hémorragie méningées et 15% d’hémorragie cérébrale.

Les symptômes de l’AVC sont-ils différents chez l’enfant ?

« L’AVC chez l’enfant est une situation exceptionnelle et peut être vraiment difficile à reconnaitre. L’enfant a du mal à se bouger, est abattu. Chez l’adolescent, comme chez l’adulte ou le plus âgé, c’est la perte d’une fonction neurologique (langage, mouvement, ndlr) qui alerte » répond notre interlocutrice. En chiffres, moins de 1% des AVC surviennent chez les moins de 18 ans. Plus d’une fois sur deux, il n’est pas immédiatement diagnostiqué.

« Que l’AVC se présente par des symptômes sévères ou moins sévères, il faut appeler le 15, le Samu. »

Les symptômes de l’AVC sont-ils différents chez les femmes ?

Les femmes sont parmi les premières victimes de l’AVC. « Elles vivent plus longtemps. L’âge augmentant le risque de faire un AVC, le poids des AVC est plus important chez elles » explique le médecin. Elles présentent des facteurs de risque spécifiques comme l’association pilule, tabagisme et migraine ; les périodes à risque d’AVC que sont la grossesse, ou après la ménopause ; la dépression et le stress psycho-social auxquels les femmes sont plus exposées que les hommes. « Il n’y a pas de données de littérature montrant qu’il y a des symptômes différents de l’AVC chez la femme mais les femmes ont tendance à être moins attentives à elles et plus aux autres donc à moins s’alerter«  commente le Pr Alamowitch. 

Que faire en cas de symptômes d’AVC ?

Appeler le 15 immédiatement. « Que l’AVC se présente par des symptômes sévères ou moins sévères, il reste une urgence absolue. Des symptômes peu sévères peuvent s’aggraver très rapidement. Il faut alerter en appelant immédiatement le SAMU au 15. Pour soi ou si on est témoin d’un AVC » insiste la spécialiste. De cet appel découle la prise en charge. « Il ne faut pas appeler le médecin traitant, cela peut faire perdre des minutes précieuses. 

Pour traiter un AVC, il faut savoir s’il est dû à une artère bouchée ou rompue. Seul l’examen du cerveau (IRM ou scanner) permet de le savoir et cet examen est à réaliser en urgence à l’hôpital.«  Via le Samu, le patient sera emmené dans une unité de soins Neuro-Vasculaires spécialisée en AVC. « Dans le traitement d’un AVC, Il faut rétablir aussi vite que possible le flux sanguin pour limiter les séquelles sur le cerveau, explique le Pr Igor Sibon, Président de la SFNV et Chef du département de Neurologie-CHU de Bordeaux. 

Chaque minute gagnée, c’est 2 millions de neurones sauvés et des semaines en moins de rééducation pour le patient qui pourra retrouver plus vite ses proches et sa vie antérieure. Grâce à une prise en charge précoce permettant l’administration d’un traitement de reperfusion (thrombolyse ou thrombectomie), c’est aujourd’hui 1 malade sur 2 qui est complétement guéri. »

journaldesfemmes

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