Les violents tremblements de terre, survenus lundi dans le sud-est de la Turquie, ont été ressentis jusqu’au Liban, à Chypre et en Irak. Tandis que le froid rend les conditions de vie infernales pour les rescapés turcs, l’aide tarde à arriver en Syrie.
Quelque 12 873 personnes sont décédées en Turquie et 3 162 en Syrie, selon les autorités et des sources médicales, portant à 16 035 le nombre total de victimes.
Au total, en comptant les deux pays, 23 millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ 5 millions de personnes vulnérables », a mis en garde l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Nos enfants sont gelés »
Alors que les excavatrices s’affairent jour et nuit, la nouvelle chute des températures rend les conditions de vie infernales pour ceux des rescapés qui n’ont nulle part où aller. Dans la ville turque de Gaziantep, proche de l’épicentre du séisme de 7,8, les températures ont chuté jeudi à -5 °C tôt dans la matinée.
Des gymnases, des mosquées, des écoles et des magasins ont accueilli des rescapés pour la nuit. Mais les lits restent rares, et des milliers de personnes passent leurs nuits blotties à l’intérieur d’une voiture ou dans des abris de fortune.
« Nos enfants sont gelés, s’indigne Ahmet Huseyin, père de cinq enfants, qui a été obligé de construire un tel abri près de sa maison détruite à Gaziantep. Nous avons dû brûler les bancs du parc et même certains vêtements des enfants. Il n’y avait rien d’autre. » « Ils auraient pu au moins nous donner des tentes », maugrée-t-il en désignant les autorités turques.
En visite dans la région, le président Recep Tayyip Erdogan a esquissé mercredi un mea culpa face à la montée des critiques. « Bien sûr qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a-t-il estimé. Depuis le tremblement de terre de lundi, la police turque a arrêté une douzaine de personnes pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe.
L’aide tarde à arriver en Syrie
En Syrie, 3 162 corps ont pour le moment été extraits des décombres, selon les autorités ainsi que les secouristes dans les zones rebelles.
Dans les zones où l’aide tarde à arriver, des survivants se sentent bien seuls. A Jandairis, en zone rebelle en Syrie, « même les immeubles qui ne se sont pas effondrés ont été très endommagés », explique Hassan, un de ses habitants, qui veut rester anonyme. « Il y a environ 400 à 500 personnes piégées sous chaque immeuble effondré avec seulement dix personnes qui tentent de les sortir. Et il n’y a pas de machines », ajoute-t-il.
Dans le village de Besnaya, à la frontière avec la Turquie, Malik Ibrahim déblaie sans relâche les décombres, à la recherche de trente membres de sa famille, tous ensevelis sous les ruines. Dix corps sans vie en ont déjà été retirés.
« Il reste vingt personnes sous les décombres. Je n’ai pas de mots, c’est une catastrophe. Nos souvenirs sont enterrés avec eux. Nous sommes un peuple sinistré dans tous les sens du terme », confie cet homme de 40 ans.