La Ville de Grenoble, jugeant très insuffisant le plan de lutte contre la pollution de l’air de la préfecture de l’Isère, attaque l’Etat en justice pour « faire dérailler l’inertie » et obtenir qu’il revoie fortement à la hausse ses ambitions, a annoncé jeudi le maire Eric Piolle.
Elaboré par la préfecture, le 3e Plan de protection de l’atmosphère (PPA) pour l’agglomération grenobloise est un document régi par le code de l’environnement définissant des objectifs et des mesures en matière de qualité de l’air, obligatoire dans les grandes agglomérations. Il a été approuvé en décembre par le préfet pour la période 2022-2027 en dépit de l’avis « clairement défavorable » de la Ville de Grenoble, a expliqué Eric Piolle lors d’un point presse.
Il est de ma responsabilité en tant que maire de dire que ces documents cadres ne sont pas à la hauteur, donc que la population grenobloise est en danger. »
Selon lui, le PPA, en l’état, « ne permet pas de respirer un air sain à Grenoble et dans les villes aux alentours » et « ne permettra pas d’atteindre les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ». « Il est de ma responsabilité en tant que maire de dire que ces documents cadres ne sont pas à la hauteur, donc que la population grenobloise est en danger, c’est ce que nous faisons aujourd’hui », a-t-il lancé.
Un recours a été déposé le 16 février devant le Tribunal administratif de Grenoble afin d’obtenir « l’annulation et la réécriture d’un PPA plus ambitieux et respectueux de la santé des habitants des communes exposées aux polluants atmosphériques, particules fines et dioxyde d’azote », a-t-il dit. « Nous attaquons ce document pour que l’Etat sorte de cette inaction coupable et mette en oeuvre des mesures qui véritablement nous permettent d’avoir un horizon de qualité de l’air garanti à Grenoble », a-t-il souligné, rappelant que l’Etat a déjà été condamné plusieurs fois pour inaction dans la lutte contre les polluants et le changement climatique.
Population « exposée à des concentrations dangereuses »
A Lyon, Grenoble, Chambéry et Annecy, « tous les établissements scolaires sont exposés à des concentrations dangereuses pour la santé », a souligné de son côté Laura Pfister, adjointe à l’Egalité des Droits. Selon elle, les enfants sont « les premiers touchés » et l’exposition à la pollution de l’air peut entraîner de l’asthme, des maladies cardio-vasculaires, respiratoires et une mortalité précoce. En outre, « les pollutions atmosphériques sont des maladies politiques », qui affectent particulièrement les milieux défavorisés, a-t-elle expliqué.
Régulièrement sujette à des épisodes de pollution aux particules fines, la Ville de Grenoble a mis en place ces dernières années diverses mesures pour réduire les émissions dues au trafic routier et au chauffage au bois et réduire la précarité énergétique. Depuis peu, elle informe quotidiennement les habitants sur la qualité de l’air du lendemain grâce à un code couleur projeté sur un pylône de téléphérique visible depuis une grande partie de la ville.
AFP.