FFF : Le Graët veut poursuivre la ministre des Sports en diffamation

Après sa démission de la Fédération française de football, Noël Le Graët contre-attaque et annonce son intention de « poursuivre en diffamation » la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Il l’accuse d’avoir « menti » sur les accusations de harcèlement sexuel qui le visent.

Noël Le Graët a fini par céder et a démissionné, mardi 28 février, de la présidence de la Fédération française de football (FFF),13 jours après la communication d’un rapport d’audit accablant pour lui, diligenté par le ministère des Sports. Mais l’ancien président de le FFF contre-attaque désormais et accuse la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, d’avoir « menti » sur les accusations de harcèlement sexuel le visant.

« Je n’ai jamais harcelé personne, moralement ou sexuellement », a-t-il déclaré au journal L’Équipe. « Je conteste le rapport du ministère des Sports, mes avocats le feront par tous les canaux judiciaires à leur disposition », a continué Noël Le Graët dans cet entretien accordé au quotidien sportif.

Parti après plus de onze années de règne ternies par ces accusations, l’ex-président de la FFF a fait annoncer par son avocat son intention de demander en justice « l’annulation » du rapport d’audit diligenté par la ministre des Sports et de la « poursuivre en diffamation ».

« Nous allons la poursuivre en diffamation devant la Cour de justice de la République » (CJR), a ainsi fait savoir son avocat, Thierry Marembert, dans l’émission C à vous sur France 5, accusant la ministre d’avoir « menti » sur le contenu du rapport d’audit de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR).

« La mission a fait l’objet de nombreuses ingérences politiques, notamment de la ministre des Sports qui a violé son obligation d’impartialité », a réagi Le Graët dans un entretien au quotidien Le Monde, où il dénonce un « matraquage incroyable » et une « cabale politico-médiatique bien organisée ».

Harcèlement sexuel
Les inspecteurs de l’IGESR estimaient dans ce rapport que Le Graët « ne dispos(ait) plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français », compte tenu notamment de son « comportement inapproprié (…) vis-à-vis des femmes ».

Visé depuis mi-janvier par une enquête préliminaire pour harcèlement moral et sexuel, Le Graët s’est montré catégorique auprès du Monde sur ces accusations : « Il n’y a aucune plainte contre moi et je n’ai agressé personne. »

Le « Menhir » du foot français âgé de 81 ans, président de la Ligue de 1991 à 2000 puis de la FFF depuis 2011, a été complimenté par ses pairs du Comité exécutif de la FFF à sa démission mardi.

« Un grand dirigeant »
« À travers sa décision, il a montré encore une fois qu’il était un grand dirigeant du football français », a réagi Philippe Diallo, vice-président qui assurera désormais l’intérim, au moins jusqu’à l’Assemblée fédérale du 10 juin.

La sortie de Noël Le Graët s’est accompagnée d’hommages pour le « bilan sportif et économique » du dirigeant, à qui l’on attribue le redressement de la FFF après le scandale du Mondial-2010 en Afrique du Sud.

La Ligue de football amateur a par exemple salué le « sens des responsabilités » de Le Graët, dont le choix « ouvre des perspectives de sortie de crise ».

La ministre des Sports avait quant à elle estimé plus tôt que le dirigeant avait pris en démissionnant « la bonne décision pour la FFF et pour lui-même », dans une déclaration transmise à l’AFP.

La FFF a dénoncé « un dénigrement disproportionné de l’instance » et regretté un « défaut de réelle procédure contradictoire ».

Direction la FIFA
Cette sortie de crise risque tout de même d’être agitée.

Le président de la Ligue de Paris-Île-de-France, Jamel Sandjak, a déjà accentué le flou en démissionnant ces derniers jours du comité exécutif, alors que beaucoup lui prêtent des ambitions présidentielles. L’ex-patron de la Ligue professionnelle Frédéric Thiriez, opposant historique de Le Graët, a également clamé auprès de l’AFP que « le départ d’un homme ne réglera(it) pas tous les problèmes ».

La menace d’une révocation anticipée du Comex par l’Assemblée fédérale continue de peser, même s’il faudrait pour cela qu’un quart de ses membres, dans les clubs, Ligues et districts locaux, sollicitent de concert la convocation d’une AG.

Mardi, en tout cas, le Comex a affiché son unité : aucun autre membre n’a souhaité démissionner de manière individuelle.

Quant à Le Graët, il ne compte visiblement pas prendre sa retraite : il a précisé au Monde son intention de rebondir à la Fifa comme « bras droit » du président Gianni Infantino à Paris. Une fonction qu’il occupe depuis janvier 2022, mais dans laquelle il dit vouloir s’investir.

AFP

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