Popularisée par les réseaux sociaux, la Puff a la cote chez les ados. Cette cigarette électronique jetable peut toutefois contenir de la nicotine et devenir une dangereuse rampe de lancement vers l’addiction.
Cigarette Puff : quelle réglementation en France ?
La Puff ? C’est le dernier « gadget » à la mode chez les collégiens et les lycéens. Cette cigarette électronique jetable vient tout droit des États-Unis. Des parfums sucrés qui évoquent l’enfance, un packaging coloré, le tout prêt à l’emploi : il n’en faut pas plus pour séduire les jeunes consommateurs. Mais en dépit des apparences, ce dispositif présente bel et bien des risques pour la santé.
C’est quoi la puff ?
Cousine de la Juul, la Puff est née en 2019, aux États-Unis, à l’initiative de deux Californiens : Patrick Beltran et Nick Minas, co-PDG de Puff Bar. Il s’agit d’une nouvelle forme de cigarette électronique (e-cigarette), à usage unique. Comme l’explique le Pr Daniel Thomas, cardiologue et vice-président du Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT) : « Ces cigarettes électroniques jetables fonctionnent sur le même modèle que les cigarettes électroniques classiques, au détail près qu’elles ne sont pas rechargeables. Elles contiennent en moyenne 600 à 700 bouffées ». Comme toute e-cigarette, la puff génère un aérosol, avec ou sans nicotine, destiné à être inhalé.
Quels sont les goûts disponibles ?
Les Puff sont disponibles en une multitude de goûts, plus ou moins évocateurs, et c’est bien ce qui fait leur attrait : menthe fraîche, litchi glacé, fruits rouges, mangue glacée, orange glacée, noisette, raisin, cookie, guimauve, etc. Autant de parfums sucrés et fruités qui peuvent inciter à fumer en bonne conscience. Et pourtant…
Y a-t-il forcément de la nicotine dans la Puff ?
« La plupart des Puff contiennent bien de la nicotine, affirme le Pr Daniel Thomas. Certaines ont même des concentrations jusqu’à 50 milligrammes par millilitre, ce qui est interdit en France, y compris pour les cigarettes électroniques classiques ». Un terreau addictif ultra-fertile. Outre la dose de nicotine, l’habitude est bien réelle, et la dépendance peut rapidement s’installer. «
Ce sont des cigarettes-bonbons qui ont pour but de séduire les ados, estime le cardiologue.
Et d’ajouter : « Il ne faut pas oublier qu’à terme, ces cigarettes jetables ont pour objectif de fidéliser une clientèle jeune pour l’inciter à consommer des produits nicotinés à l’avenir. Malheureusement, les chiffres lui donnent raison : en juillet 2022, 10 % des adolescents de 13-16 ans avaient déjà essayé la Puff et 28 % des utilisateurs d’e-cigarette avaient commencé par une cigarette électronique jetable (source 1).
Est-ce que la cigarette Puff est dangereuse pour la santé ?
Les consommateurs n’ont pas l’impression de fumer une cigarette, mais simplement d’inhaler une vapeur fruitée. Et c’est là que le bât blesse. Car cette e-cigarette aux arômes sucrés présente bel et bien un risque d’addiction à la nicotine.
Une initiation ludique à la consommation du tabac
Sous leurs airs ludiques, certaines Puff peuvent contenir bien plus de nicotine que les cigarettes électroniques destinées aux adultes. De quoi inquiéter les professionnels de santé.
« Initialement, le vapotage est un dispositif de réduction des risques liés à la consommation de tabac. Un substitut, donc. Dans le cas de la Puff, c’est tout le contraire, il est question d’une initiation à la consommation du tabac, souligne le Pr Daniel Thomas.
« Si un ado utilise ce produit, il peut très rapidement devenir dépendant à la nicotine, bien plus addictive que l’héroïne, la cocaïne ou le cannabis, et se mettre à fumer des cigarettes ».
Et même sans nicotine, les Puff restent-elles néfastes ?
Oui, répond le vice-président du CNCT. « Le liquide qui permet de générer de la fumée n’est pas toxique, mais on ne peut pas dire qu’il est sain. Il est potentiellement dommageable de s’habituer à ces dispositifs en dehors d’un sevrage tabagique ».
Une position partagée par l’Académie de médecine : dans un avis publié le 28 février 2023 (source 2), elle souligne que « la puff induit un phénomène de dépendance au geste de vapotage, qui peut représenter un nouveau mode d’entrée dans l’addiction à la cigarette, renforcée ensuite par l’usage de « Puffs » contenant de la nicotine.
Les Puff, un danger non négligeable pour l’écologie
Les cigarettes électroniques jetables ne seraient pas uniquement nocives pour la santé, elles le seraient aussi pour l’environnement. Après tout, elles sont constituées de plastique, fonctionnent grâce à une batterie au lithium et sont à usage unique. L’Académie de médecine n’hésite pas à parler de « déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde ».
La vente de cigarettes électroniques est bien interdite aux mineurs, qui ne semblent pourtant pas avoir de mal à se procurer des Puff, chez le buraliste, sur internet, dans des magasins de vapotage spécialisés, voire en grandes surfaces (parfois au rayon bonbons). Le contrôle est loin d’être systématique…
Le phénomène prend tellement d’ampleur que le ministère des Solidarités et de la Santé multiplie les campagnes de sensibilisation. Dans un communiqué publié le 17 mars dernier (source 3), il rappelle que les Puff doivent respecter les normes relatives aux produits de vapotage, à savoir :
_contenir un taux de nicotine inférieur à 20 mg/ml ou encore l’interdiction de publicité et de promotion directe ou indirecte ;
_transmettre une notification des produits avant leur mise sur le marché aux autorités compétentes (La liste complète des produits du vapotage notifiés pour le marché français est disponible sur le site de l’Anses) ;
_respecter des normes d’étiquetage strictes ;
_se passer de toute publicité ou promotion directe / indirecte.
La vente de ces produits aux mineurs, comme de tout produit de vapotage, est interdite, rappelle le ministère des Solidarités et de la Santé.
Quant à l’Académie de médecine, elle appelle à un renforcement de la réglementation concernant les e-cigarettes jetables (fiscalité accrue, packaging neutre…) (source 2).
Quel est le prix d’une Puff ?
Il faut généralement débourser entre 8 et 12 euros pour une Puff. Sa durée de vie dépend de son utilisation : ne comptez pas plus d’une semaine pour un usage quotidien.
santemagazine