Les guerres sont (malheureusement) des périodes propices à l’innovation, notamment bien sûr en termes d’armement. Durant la seconde guerre mondiale, l’Allemagne nazie avait ainsi imaginé ce qu’on pourrait qualifier aujourd’hui de navette spatiale conçue pour bombarder les États-Unis.
En 1942, l’Allemagne avait commencé à travailler sur un projet, fou pour l’époque, de bombardement des États-Unis avec l’aide d’une fusée suborbitale. L’avion, baptisée « Silbervogel » (« oiseau d’argent »), faisait partie du programme « Amerika Bomber » de la Luftwaffe, la branche aérienne de l’armée allemande.
Un oiseau de malheur qui n’a jamais décollé
Le développement de cet engin a été confié à un duo : l’ingénieur aéronautique Eugen Sänger et la mathématicienne Irene Bredt. Des travaux qui n’ont fort heureusement pas eu le temps de se concrétiser grâce à la fin de la guerre, mais qui ont servi de base pour les propres projets de la NACA (National Advisory Committee for Aeronautics), l’ancêtre de la NASA.
Une vidéo récemment mise en ligne par la très pointue chaîne YouTube « Found And Explained » fait le point sur le Silbervogel, un avion de 100 tonnes, dont 90 tonnes rien que pour le carburant et 4 tonnes pour les bombes. L’idée était de bombarder New York et la côte Est américaine, puis de faire revenir l’avion en Allemagne avec une étape dans la partie de la Chine contrôlée par le Japon.
L’avion ne comptait qu’un seul homme à bord, dans une cabine pressurisée. Pas de cockpit pour le pilote, qui aurait dû se débrouiller avec un périscope relié à un téléviseur. Pour décoller, le Silbervogel devait utiliser une fusée externe posée sur un rail, puis les moteurs de l’appareil prenaient la main jusqu’à une altitude de 145 km à une allure de 21.800 km/h ! De la science-fiction…
Les deux scientifiques imaginaient ensuite que l’avion allait pouvoir planer en « rebondissant » sur la stratosphère. De la sorte, il aurait pu frapper New York et poursuivre sa route jusqu’en Chine. Ce projet n’a jamais été concrétisé, d’ailleurs il a été confirmé que les calculs des inventeurs étaient faussés : l’avion serait parti en flammes au moment de rebondir sur l’atmosphère pour planer.
JDG
