Le 5 mars, quatre jihadistes se sont échappés d’une prison de Nouakchott en tuant deux policiers. Le pays est une exception au Sahel puisqu’il est épargné par les attentats depuis 2011.
« À 21 heures ce 5 mars 2023, quatre terroristes ont réussi à s’évader de la prison centrale de Nouakchott après avoir agressé les gardiens, ce qui a entraîné un échange de tirs au cours duquel deux membres de la Garde nationale » sont morts et deux autres ont été légèrement blessés, a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. L’identité des fugitifs n’a pas été divulguée.
Deux d’entre eux avaient été condamnés à mort, et les deux autres sont en attente de jugement pour appartenance à une organisation terroriste, selon un responsable militaire ayant requis l’anonymat. La même source a précisé que leur véhicule avait été retrouvé dans le nord-est de Nouakchott.
Le ministère a appelé les citoyens à fournir toute information pouvant contribuer à leur capture. La coopération des populations pour lutter contre le jihadisme fait partie du maillon du dispositif sécuritaire qui préserve le pays du jihadisme, alors que ce dernier ne cesse de s’étendre chez ses voisins sahéliens.
Coopération
Tandis que le Mali frontalier compte ses morts depuis qu’une insurrection jihadiste a débuté en 2012, la Mauritanie, quatre millions d’habitants, n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011. Elle était pourtant régulièrement ciblée par ces mouvements dans les années 2000, notamment des attentats et des enlèvements ciblés.
La Mauritanie fait partie avec le Burkina Faso, le Niger et le Tchad du G5 Sahel, que le Mali a quitté en 2022, et de sa force conjointe antijihadiste soutenue par la France, les États-Unis et l’ONU. Paris revendique avec Nouakchott une importante coopération de sécurité et de défense, en plus du développement. Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats : budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.
Dialogue
La Mauritanie prône aussi le dialogue, notamment organisé avec les principaux leaders religieux du pays. Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des madrassas se voient offrir une formation professionnelle.
En 2022, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a gracié huit prisonniers condamnés pour « terrorisme » dans une logique de « lutte » contre l’extrémisme par le « dialogue ». Le pays a organisé des séances de dialogue avec ses prisonniers jihadistes pour obtenir leur repentir et les réinsérer dans la vie sociale.
Jeune Afrique