Ouverture ce 7 mars 2023 à Rabat au Maroc de la 8ème édition des AllAfrica Women Agenda (Awa). Le thème porte sur souveraineté alimentaire : nourrir l’Afrique au féminin. Dans son discours, Amadou Mahtar Ba a indiqué qu’il prend la parole en sa qualité de co fondateur et président du Conseil d’administration du Groupe Allafrica mais également en tant que membre du premier haut panel du secrétaire général des Nations Unies pour l’autonomisation économique des Femmes. Je mesure donc toute l’importance du thème et de l’engagement qu’il requiert.
«C’est vous dire que c’est un militant convaincu et engagé pour la cause des femmes, qui vous parle ce matin du thème souveraineté Alimentaire : Nourrir l’Afrique par les Femmes », a déclaré le patron du Groupe Allafrica. A cette occasion il a partagé quelques éléments d’informations clés pour nous aider à camper le sujet.
«Selon les chiffres de la Banque africaine de développement, le continent africain importe, par an, plus de 100 millions de tonnes de denrées alimentaires pour une valeur de plus de 75 milliards de dollars. Cette somme représente presque deux fois l’aide publique au développement reçu dans le continent en 2022.
Autre élément d’information pour cerner notre sujet, presque 300 millions d’individus souffrent de la faim au quotidien à travers le continent, la plupart étant des femmes et des enfants. C’est malheureusement plus de 20% de la population totale du continent », a confié Amadou Mahtar Ba. Selon lui, ces chiffres clés indiquent clairement que même s’il y a eu des progrès indéniables enregistrés notamment depuis 2014 avec la Déclaration de Malabo sur la croissance et transformations accélérées de l’agriculture, le chemin à parcourir reste encore long. Sa conviction est que l’Afrique y arrivera avec une participation plus inclusive des femmes.
A son avis, le continent n’a pas d’autre choix que de s’engager très rapidement dans cette voix particulièrement au vu des perturbations récentes engendrées par la Guerre lancée par la Russie en Ukraine, mais n’oublions pas également que des perturbations sur les chaines d’approvisionnements alimentaires ont été également notées pendant la pandémie de Covid 19.
Il faut donc, soutient Amadou Mahtar Ba que le continent assure sa souveraineté alimentaire et que l’Afrique nourisse l’Afrique. «Plus qu’un souhait, il s’agit là d’un impératif, d’une nécessité vitale. Il est heureux de noter qu’il est absolument possible d’atteindre cet objectif. Les atouts ne manquent pas.
D’abord, la terre. Il, faut souligner et le répéter. L’Afrique c’est un peu plus de 30 millions de kilomètres carrés et malgré les déserts, le continent regroupe toujours environ 65% des terres arables non cultivées de la planète », a expliqué le patron de Allafrica.
Ensuite, poursuit M. Ba, la main d’œuvre existe, aujourdhui, notre continent est le plus jeune du monde avec un âge moyen autour de 19 ans dont presque 51% de jeunes filles.
«De plus la technologie existe avec des variétés de plus en plus résistantes pour des rendements meilleurs malgré les changements climatiques. Toujours dans ce domaine, nous avons ici au Maroc mais également présent avec nous à cette rencontre un géant de l’agriculture africaine et mondial Ocp qui fait un travail extrêmement important et remarquable dans plusieurs pays du continent. J’ai eu l’honneur et le privilège il y a quelques années de visiter leurs importantes activités en Ethiopie », a fait savoir Amadou Mahtar Ba.
Selon lui, tous ces atouts sont á développer et l’apport remarquable des femmes est cruciale pour le succès de cette transformation. N’oublions pas que, selon un rapport de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation, Fao, en Afrique subsaharienne, les femmes produisent jusqu’à 80 pc des denrées alimentaires destinées à la consommation des ménages et à la vente sur les marchés locaux.
Le Maroc, un exemple
A son avis, il est grand temps que cette imagination, cette vision se réalise car dans environ 25 ans, en 2050, le continent comptera 2 milliards d’âmes. «Cela représente une force inouïe, qui pourra transformer positivement l’état du monde dans tous les secteurs d’activités. Mais pour que cela se fasse, il faut que ce soit 2 milliards d’individus en bonne santé physique et mental et cela commence par être nourri et bien nourri car tout devient impossible lorsque on a faim et malade.
Il nous faut donc encourager partout où cela sera possible et aussi longtemps que possible, que l’ensemble des forces vives de nos nations soutiennent les exploitants agricoles dont la grande majorité est constituée de femmes », a fait savoir Amadou Mahtar Ba. Il n’a pas manqué d’insister sur le fait que la situation actuelle de l’Afrique où chaque année le continent est obligé de dépenser beaucoup plus que l’aide au développement reçu n’est pas une fatalité. Il estime t possible de changer le paradigme et d’arriver à la souveraineté alimentaire grâce aux nombreux atouts que nous avons évoqué. Le Royaume du Maroc affirme-t-il, est un bel exemple en ce sens à donner au reste du continent.
«L’apport de toutes les composantes de nos sociétés, en premier lieu les jeunes filles et les femmes ne peut être négligé. Il nous faut donc redoubler d’efforts et de détermination pour les inclure afin de se donner les chances de garantir un continent qui se nourrit lui-même accordant ainsi santé physique et mental à ses populations pour relever les nombreux défis présents et à venir », a indiqué que le Pca du Groupe Allafrica.
jecos magazine