La Bourse de New York a terminé en baisse jeudi, inquiète des difficultés de la banque californienne SVB au point de sanctionner tout le secteur bancaire, sur un marché fébrile avant la publication du rapport mensuel sur l’emploi, vendredi.
Le Dow Jones a lâché 1,66%, l’indice Nasdaq, 2,05%, et l’indice élargi S&P 500, 1,85%.
Wall Street avait ouvert en hausse, soutenue par des chiffres hebdomadaires du chômage supérieurs aux attentes qui laissent présager d’un refroidissement sur le marché du travail, les indices sont partis dans le rouge et ont même accéléré dans le négatif en fin de séance.
En cause, la Silicon Valley Bank, établissement californien dont la maison mère, SVB Financial Group, a annoncé mercredi une augmentation de capital importante de 2,25 milliards de dollars.
Partenaire privilégié du secteur technologique, SVB cherche ainsi à augmenter ses liquidités pour renforcer son bilan, fragilisé par des retraits de clients.
Le groupe a également vendu dans la précipitation, pour ce faire, un portefeuille de 21 milliards de dollars de titres financiers, ce qui lui a valu une perte estimée à 1,8 milliard.
« SVB est l’élément déterminant de la séance d’aujourd’hui », a expliqué Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. Le groupe a perdu, sur une seule journée, 60% de sa valeur (-60,41%).
« Les gens ont réalisé que les problèmes que connaît SVB pourraient arriver à toute l’industrie bancaire », a-t-il expliqué.
Les banques empruntent généralement à court terme pour effectuer des prêts à moyen et long terme. « Ce n’est pas un bon modèle lorsqu’on est en situation d’inversion de la courbe des taux », a souligné Steve Sosnick.
Le rendement des emprunts d’Etat américains à 2 ans est ainsi très au-dessus du taux à 10 ans, l’écart étant à son plus haut niveau depuis plus de 40 ans. Le coût de l’argent pour les banques est ainsi nettement supérieur aux tarifs auxquels elles prêtent, ce qui affecte leurs marges.
L’effet a été renforcé par le fait que la maison mère d’une autre banque, Silvergate Bank, avait annoncé mercredi que l’établissement allait être mis en liquidation. Un épilogue attribué, dans ce cas, au fait que la banque était très liée au milieu des cryptomonnaies, en pleines turbulences depuis un an.
« Il semble qu’il y ait des fissures dans les banques régionales », a relevé Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. « Tout le monde cherche quel sera le prochain problème. »
Tout le secteur bancaire a souffert de la séquence, de JPMorgan Chase (-1,23%) à Bank of America (-6,20%), en passant par Wells Fargo (-6,18%) et Citigroup (-4,10%).
L’épisode SVB a déclenché une « fuite vers les actifs jugés les plus sûrs », « loin des actions », a observé Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
Parmi les actifs sûrs, les obligations ont bondi en fin de séance, provoquant une violente détente des taux obligataires, qui évoluent en sens opposé de leurs prix.
Le rendement des emprunts d’Etat à 2 ans, qui avait flambé en début de semaine, a décroché de 20 points de base (0,2 point de pourcentage), une ampleur très rare sur ce marché, à 4,87% contre 5,07% mercredi en clôture.
A l’autre bout du spectre, le bitcoin devissait de 7,93% et emmenait avec lui tous les grands noms du milieu, que ce soit la plateforme Coinbase (-7,81%) ou le spécialiste du « minage » de cryptomonnaies Riot Platforms (-12,22%).
Parmi les quelques valeurs à s’extraire du marasme, jeudi, General Electric (+5,27%) qui a confirmé ses prévisions pour l’exercice 2023. Le conglomérat a également réaffirmé qu’il comptait introduire en Bourse, début 2024, GE Vernova, regroupant ses actifs dans le secteur de l’énergie.
AFP