J’ai des glaires dans la gorge, comment m’en débarrasser ?

Quoi de plus désagréable que des glaires encombrantes qui donnent envie de se racler la gorge pour s’en débarrasser… On fait le point sur l’origine de ces mucosités et leur traitement avec le Dr Jean-Marc Juvanon, médecin ORL.

Vous avez souvent la sensation d’être gêné(e) par des glaires au niveau de votre gorge et ne parvenez pas à vous en débarrasser ? Vous n’êtes pas seul(e). D’où viennent ces mucosités ? Leur présence doit-elle inquiéter ? Et surtout, existent-elles vraiment ? S’il y en a, comment les éliminer rapidement ? Réponses du Dr Jean-Marc Juvanon, médecin ORL, membre de la Société Française d’ORL.

Définition : glaires dans la gorge, de quoi s’agit-il ?
Les glaires sont en réalité du mucus, autrement dit, de la morve sécrétée naturellement par les muqueuses de notre nez et de notre gorge. Ces sécrétions peuvent devenir plus épaisses et visqueuses. Elles sont alors peu ragoûtantes, encombrantes, et ont tendance à démanger, donnant une furieuse envie de se racler la gorge avant de cracher
pour excréter les mucosités indésirables. Certains s’adonnent d’ailleurs sans gêne à cette pratique. Tandis que d’autres préfèrent les ravaler en toute discrétion.

Pour rappel, le mucus a un rôle essentiel dans notre organisme : il protège notre système respiratoire. Non seulement il humidifie l’air que nous inspirons. Mais sa consistance permet aussi de retenir les bactéries et autres virus qui tenteraient d’atteindre notre système respiratoire en pénétrant dans nos fosses nasales. Et quand la machine s’enraye, le mucus est parfois produit en plus grandes quantités et / ou change d’aspect.

Concrètement, le mucus ne s’écoule plus par le nez, il est chassé vers l’arrière-gorge, s’épaissit et génère des glaires qui obstruent la gorge.

Jaune, vert, transparent ou rouge… Le nuancier du mucus
En temps normal, le mucus est fluide et transparent. Il est dégluti sans qu’on s’en aperçoive; On en sécrète normalement environ un litre par jour !

Les changements de couleur ou de texture sont généralement liés à une infection virale ou bactérienne. Les glaires peuvent alors être plus ou moins épaisses et visqueuses et prendre une couleur plutôt verdâtre ou jaunâtre.

Des sécrétions rouges ou noirâtres, elles, trahissent la présence de micro-lésions dans la gorge, souvent liée à des raclements trop intenses ou à une toux trop forte.

Écoulement nasal, fièvre, toux, maux de tête… Quels peuvent être les symptômes associés à ces sécrétions ?
Difficile d’ignorer la présence de glaires : elles encombrent la gorge, grattent, gênent parfois le rire et la parole. Plus désagréable encore, certains patients se plaignent d’une sensation d’écoulement dans la gorge, précise le Dr Jean-Marc Juvanon.

Lorsque ces glaires sont liées à une infection virale ou bactérienne, elles peuvent s’accompagner de divers symptômes : maux de gorge (lorsque la muqueuse est irritée), maux de tête, écoulement nasal (rhinorrhée), courbatures, fatigue, fièvre, etc.

Lorsqu’elles sont liées à un reflux gastro-œsophagien (RGO), elles peuvent s’accompagner d’aigreurs et de remontées acides.

Quelles sont les causes des glaires dans la gorge ? Quelle maladie peut provoquer l’accumulation de ce mucus ?
Comme indiqué précédemment, les glaires se forment généralement en cas d’infection virale ou bactérienne (rhume, sinusite, angine, etc) et disparaissent une fois l’infection vaincue.

« Lorsque les patients viennent au cabinet en se plaignant d’une gêne persistante ou résiduelle due à la présence de ‘glaires’, on réalise donc un examen clinique, puis, si besoin, des examens complémentaires pour s’assurer qu’il n’y a pas d’écoulement ou de suppuration au niveau des sinus (comme c’est le cas en présence d’une sinusite chronique). On peut réaliser une nasofibroscopie (fibroscopie dans le nez), voire un scanner des sinus, détaille le Dr Juvanon ». Et de relever :

La plupart du temps, on ne trouve aucune anomalie visible et la sensation d’écoulement dans la gorge ne correspond à aucune pathologie.

Comment, alors, expliquer la sensation désagréable dont se plaignent de nombreux patients ? En-dehors de toute pathologie, on peut souvent incriminer la consistance de la salive, explique le médecin ORL. « Certaines personnes produisent une salive trop épaisse et trop visqueuse car ils sont déshydratés. En réalité, ils ne sont pas gênés par la présence de glaires, mais plutôt par la consistance de leur salive », souligne-t-il.

À l’origine de cette problématique, une sécheresse salivaire : un manque d’hydratation, la prise de médicaments asséchants (notamment des antidépresseurs), la consommation de tabac, ou encore des facteurs environnementaux comme la pollution. Certaines personnes ont aussi une respiration buccale prédominante : « elles respirent plus souvent par la bouche que par le nez », relève le Dr Juvanon. Par conséquent ? L’air inspiré est moins humidifié et assèche la salive qui tapisse la bouche et la gorge. « Cela peut donner la sensation d’avoir des glaires coincées dans la gorge », confirme l’expert.

Pourquoi suis-je gênée au niveau de la gorge le matin ?
Nous sommes nombreux à nous réveiller le matin avec la gorge « encrassée ». L’explication est simple, indique le Dr Juvanon : nous avons certainement tendance à inspirer par la bouche. Et qui dit respiration buccale dit air moins bien humidifié et sensation de glaires dans la gorge. En réalité, il s’agit simplement d’une accumulation de salive plus épaisse et visqueuse que d’habitude. La solution, selon le médecin ? Miser sur un gargarisme plutôt que de se racler la gorge pour expectorer le dépôt de salive.

Enfin, le reflux gastro-œsophagien (RGO) peut aussi expliquer la présence de glaires dans la gorge. « L’acide gastrique remonte parfois de l’estomac jusqu’à la gorge, ce qui peut entraîner une irritation de la muqueuse. Pour se défendre, celle-ci va sécréter davantage de mucus, formant des glaires ». Toutefois ce diagnostic doit être posé avec certitude par un professionnel. Évitez absolument de prendre du Gaviscon® ou de l’Oméprazole® à tout-va en automédication pour « éliminer » de supposés glaires liées à un RGO !

Est-ce grave d’avoir des glaires dans la gorge ? Qui consulter ?
La présence de glaires dans la gorge ne doit pas inquiéter. D’une part parce qu’elle est remédiable. Et d’autre part parce qu’il s’agit souvent d’une simple sensation.

Si cette sensation perdure et vous dérange, n’hésitez pas à consulter votre médecin généraliste, qui vous redirigera si besoin vers un spécialiste.

Comment « enlever » des glaires coincées dans la gorge ? Quels médicaments peuvent être utiles ?
Face à des signes d’infection virale ou bactérienne, il convient évidemment de mettre en place les traitements médicamenteux adaptés. Idem pour le RGO.

Et si la sensation de « glaires » dans la gorge est liée à une sécheresse salivaire ou buccale, il faut mettre en place des modifications de son mode de vie :

_s’hydrater régulièrement et tout au long de la journée ;

_réaliser des inhalations humides et se moucher pour évacuer les sécrétions ;

_laver régulièrement son nez à l’aide de sérum physiologique ou de sprays spécifiques ;

_informer son médecin de l’effet asséchant des antidépresseurs et trouver une éventuelle alternative ;

_limiter sa consommation de tabac ;

_éviter l’exposition aux polluants ;

_etc.

Faut-il se racler la gorge et avaler ou cracher ces mucosités ?
« Les glaires ne protègent pas les muqueuses », rappelle le Dr Juvanon. Et de répondre : le fait d’avaler ces sécrétions ne présente aucun risque pour la santé. Cela peut en revanche être très désagréable, voire écœurant et provoquer un réflexe nauséeux ou l’envie de vomir.

Quant au fait de se racler la gorge avant de recracher ses glaires… « Ce n’est pas formellement déconseillé, mais il ne faut pas le faire de façon trop violente », indique l’expert. Le fait de se racler la gorge la « décape » et crée une irritation qui augmente à son tour la sécrétion de glaires…

santemagazine

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