Le cyclone Freddy, qui a ravagé deux fois l’Afrique australe, se caractérise par une longévité exceptionnelle. S’il est trop tôt pour le lier spécifiquement au changement climatique, les scientifiques pensent bel et bien que ce dernier tend à rendre les cyclones plus intenses.
Une course meurtrière
Né dans le sud-est de l’océan Indien, Freddy a été nommé le 6 février par le service météorologique australien.
Le cyclone a traversé tout l’Océan indien d’est en ouest, affectant l’île Maurice et la Réunion au cours de son long chemin vers Madagascar, puis le Mozambique. Il a effectué ensuite une boucle pour revenir frapper ces deux derniers pays ainsi que le Malawi, petit pays enclavé qui paie le plus lourd tribut.
Météo-France qualifie Freddy de « système tropical particulièrement puissant et compact, générant des vents extrêmes près de son centre ».
Un cyclone exceptionnel
« Le cyclone tropical Freddy est exceptionnel essentiellement parce qu’il dure plus longtemps que tout autre répertorié jusqu’à présent », souligne Melissa Lazenby, professeure en changement climatique à l’université du Sussex.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime ainsi qu’il est en bonne voie pour battre le record de longévité, aujourd’hui détenu par le typhon John, qui a duré 31 jours en 1994. Freddy avait vendredi 34 jours d’activité au compteur, selon l’OMM.
Une fois qu’il se sera dissipé, un comité d’experts de l’OMM sur les extrêmes climatiques évaluera toutes les données pour déterminer si un nouveau record a effectivement été établi. Le processus pourra prendre plusieurs mois.
Autre caractéristique: Freddy a voyagé plus de 8.000 kilomètres et traversé tout le sud de l’Océan indien.
Enfin, il a selon la Nasa battu le record dans l’hémisphère Sud pour un indicateur baptisé énergie cumulative des cyclones tropicaux (connu sous l’acronyme anglais ACE). Celui-ci mesure l’énergie totale des vents associés au cyclone sur sa durée de vie.
Des cyclones plus intenses avec le réchauffement
Les experts ne se prononcent pas encore sur le lien spécifique entre Freddy et le changement climatique, qui devra faire l’objet d’une étude dite d' »attribution ».
« Toutefois, sur la base des rapports du Giec, ce type de cyclone tropical extrême n’est pas surprenant compte tenu de la prédiction que les cyclones vont devenir plus intenses (catégories 4-5) », indique Melissa Lazenby.
« Le changement climatique contribue à rendre les cyclones tropicaux plus forts et pluvieux, et augmente le risque d’inondations côtières », abonde Allison Wing, professeure associée à l’université de l’Etat de Floride.
Selon elle, les scientifiques n’ont pas observé de tendance sur la fréquence des cyclones tropicaux mais ceux-ci deviennent effectivement plus intenses « et en particulier les tempêtes les plus fortes deviennent encore plus fortes ».
Les experts notent aussi une augmentation ces dernières années des phénomènes dits d’intensification rapide, lorsque la vitesse du phénomène accélère brutalement.
AFP