Credit Suisse s’est effondré en Bourse mercredi, touché par les inquiétudes du secteur bancaire liées à la faillite de la banque américaine SVB et après que son principal actionnaire a exclu de le sauver en cas de difficultés. Les investisseurs ont cependant fait remonter en flèche le cours de l’action de la banque helvète jeudi après la bouée de sauvetage de plus de 50 milliards de dollars lancée par la banque centrale au géant bancaire.
Credit Suisse a annoncé jeudi 16 mars un emprunt à court terme allant jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) à la banque centrale suisse, au lendemain d’une journée cauchemardesque pour la deuxième banque du pays qui s’est effondrée en Bourse. De quoi rassurer les investisseurs qui ont fait remonter en flèche le cours de l’action de la banque helvète.
Jeudi, à l’ouverture de la séance, le titre Credit Suisse bondissait de plus de 30 % dans un fort volume d’échanges. La veille, l’action avait essuyé la pire séance de son histoire après un mouvement de panique suite aux déclarations de son premier actionnaire, la Banque nationale saoudienne. L’action avait touché un plus bas historique à 1,55 CHF.
Pour arrêter le mouvement de panique, Credit Suisse – qui fait partie du club très restreint des banques dont on juge qu’elles jouent un rôle tellement important qu’on ne peut pas leur laisser faire faillite – a annoncé en pleine nuit en Europe qu’il allait faire appel à la banque centrale pour emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) afin de « renforcer de manière préventive » ses liquidités.
La banque va également procéder à une série d’opérations de rachat de dette pour environ 3 milliards de francs suisses.
Journée noire
Plus tôt dans la soirée de mercredi et après une journée d’un étonnant silence, la Banque centrale suisse et le gendarme des marchés financiers suisses (Finma) ont assuré que les finances de la banque étaient solides et répondaient aux strictes critères de la réglementation bancaire. La banque centrale s’était alors dite prête à laisser Credit Suisse accéder à des liquidités « en cas de besoin ».
Les deux régulateurs ont aussi estimé « qu’il n’existe aucun risque de contagion directe entre les problèmes auxquels sont confrontés certains établissements bancaires aux États-Unis et le marché financier suisse ».
La banque centrale et la Finma ont souligné que les banques suisses sont soumises à des « exigences strictes en matière de fonds propres et de liquidités », estimant que Credit Suisse « satisfait » ces exigences. Elles sont plus élevées pour des banques comme Credit Suisse dans la mesure où il s’agit d’une banque dite d’importance « systémique ».
« La pression sur Credit Suisse a touché un marché déjà nerveux »
La chute vertigineuse de Credit Suisse a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, première actionnaire de Credit Suisse. Les Saoudiens ont volé au secours de la banque en entrant à son capital en novembre. Mais la Saudi National Bank ne compte « absolument pas » injecter davantage d’argent, principalement pour des raisons règlementaires, a expliqué Ammar al-Khudairy, son président.
La banque nationale saoudienne détient une participation de 9,8 %. Mais au regard du droit suisse, le gendarme des marchés, la Finma, devrait se prononcer si elle franchissait le seuil des 10 %.
Credit Suisse est dans la tourmente depuis la faillite de la société financière britannique Greensill qui avait marqué le début d’une série de scandales. Depuis mars 2021, l’action a perdu plus de 83 % de sa valeur.
« La pression sur Credit Suisse a touché un marché déjà nerveux », a réagi Jane Foley, analyste de Rabobank, auprès de l’AFP. Les investisseurs s’inquiètent en effet du risque de contagion après la faillite de la banque américaine SVB. Mais si Credit Suisse venait à se trouver face à des « problèmes existentiels », alors « nous serions face à quelque chose d’une toute autre dimension », a souligné Neil Wilson, analyste à Finalto dans un commentaire de marché.
À la différence de SVB, Credit Suisse fait partie des 30 banques mondiales considérées comme trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite, ce qui lui impose une réglementation plus stricte pour pouvoir tenir le choc en cas de difficulté. Credit Suisse a lancé en octobre un programme de restructuration pour tenter de se redresser. Mais certains actionnaires ont fini par jeter l’éponge.
Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d’euros) pour l’exercice 2022 et avait prévenu s’attendre encore à une perte avant impôts « substantielle » en 2023
AFP