Des jets de pierres contre des tirs de gaz lacrymogènes. Ce jeudi (16.03.2023), des affrontements se sont produits entre les forces de l’ordre et des partisans d’Ousmane Sonko aux alentours du palais de justice et dans plusieurs quartiers de Dakar.
A l’ouverture de l’audience, les avocats d’Ousmane Sonko ont demandé son renvoi au motif que l’un d’eux, Maître Ciré Clédor Ly et son client, auraient été gazés par les forces de l’ordre. En conséquence, leur état physique ne leur permettait pas de participer au procès.
« Le motif de renvoi est un motif légitime. Le code dit, que toute personne convoquée au tribunal en matière pénale, comparait libre et volontairement. Et aujourd’hui, on a constaté que le client a été pris manu militari. On a cassé les vitres de sa voiture, on l’a pris et on l’a obligé à comparaître. Il s’y ajoute que notre confrère Ciré Clédor Ly qui est la pièce maîtresse de ce collectif a lui aussi été gazé parce qu’il était dans le même véhicule que notre client », explique Maître Henri Gomis, avocat d’Ousmane Sonko.
« La justice est souveraine »
Maître Mamadou Moustapha Dieng, l’avocat du ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, dit faire confiance au juge d’instruction. Pour lui, ce renvoi est une décision souveraine d’un tribunal régulièrement constitué.
« L’affaire a été renvoyée au 30 mars prochain. Nous attendons patiemment cette date, et ce jour-là, encore une fois, j’ose espérer qu’on ne sollicitera pas un autre renvoi parce que nous voudrons véritablement que le peuple Sénégalais sache que le citoyen Mame Mbaye Niang n’a jamais détourné de deniers publics. C’est un honnête homme qui a été diffamé et qui a été injurié publiquement », dit Maître Mamadou Moustapha Dieng.
Dans ce procès ouvert le 02 février dernier, Mame Mbaye Niang reproche à Ousmane Sonko d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) pour sa gestion d’un fonds de 29 milliards CFA du Programme des domaines agricoles communautaires.
La présidentielle de 2024
Ce nouvel accès de fièvre est le dernier épisode d’un psychodrame qui dure depuis deux ans.
En mars 2021, la mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Il y avait eu au moins une douzaine de morts.
Les tensions vont à nouveau grandissant à l’approche de la présidentielle de 2024.
Le dossier de viols présumés, non jugé pour le moment, et celui pour diffamation font peser la menace d’une éventuelle inéligibilité sur M. Sonko, 48 ans. Lui et ses supporteurs crient au complot ourdi par le pouvoir pour l’éliminer politiquement.
DW