La bradycardie est un trouble du rythme cardiaque caractérisé par un ralentissement important dudit rythme cardiaque. À quelle vitesse bat alors le cœur ? Quelles sont les causes de ce phénomène ? Faut-il s’en inquiéter ? Comment le prendre en charge ? Réponses du Dr Claude Kouakam, cardiologue.
La bradycardie désigne un ralentissement important du rythme cardiaque. Elle est généralement sans gravité, mais elle peut parfois trahir une anomalie cardiaque ou une maladie cardiovasculaire à part entière. Comment la détecter et la prendre en charge ? Éclairages du Dr Claude Kouakam, médecin cardiologue, spécialisé dans la prise en charge des troubles du rythme cardiaque et responsable de l’unité Syncope et du Plateau Technique Rythmologique Non Invasif à l’Institut Cœur Poumon du CHU Lille.
Définition : qu’est-ce que la bradycardie ?
Comme indiqué ci-dessus, la bradycardie désigne un rythme cardiaque plus lent que la moyenne, soit inférieur à 60 battements par minute au repos. « Le rythme cardiaque peut descendre à 50 battements par minute le jour au repos et jusqu’à 40 battements par minute la nuit », indique le Dr Kouakam, qui insiste sur le fait qu’il s’agit de valeurs théoriques, à analyser en fonction du ressenti des patients.
Relativement répandue chez les sportifs, la bradycardie peut aussi être liée au vieillissement, à la prise de médicaments ou encore à une pathologie cardiaque. Selon leur origine, on distingue d’ailleurs :
_les bradycardies physiologiques ;
_les bradycardies iatrogènes ;
_les bradycardies d’origine cardiaque ;
_et les bradycardies secondaires
Normes au repos : à quelle vitesse bat normalement un cœur ?
Un cœur en bonne santé bat généralement entre 60 et 90 fois par minute. « Mais certains grands sportifs peuvent avoir un cœur qui bat 50 fois par minute et se porter comme des charmes ! », souligne le cardiologue.
Le syndrome de bradycardie-tachycardie
Le syndrome de bradycardie-tachycardie, aussi appelé « maladie de l’oreillette », se caractérise par une alternance de phases pendant lesquelles le cœur bat trop lentement (bradycardie) et de phases pendant lesquelles le cœur bat trop rapidement (tachycardie).
Généralement causé par un dysfonctionnement de l’activité électrique du nœud sinusal, il peut causer une grande fatigue, des vertiges, des maladies, des palpitations et des douleurs thoraciques.
Sa prise en charge dépend de son origine, mais comprend généralement la prise de médicaments pour réguler le rythme cardiaque, l’implantation d’un stimulateur cardiaque et / ou une intervention chirurgicale pour corriger les anomalies électriques cardiaques.
Fatigue, essoufflement, étourdissement… Quels signes doivent alerter ?
La bradycardie passe parfois inaperçue car elle est parfois bien supportée par les patient(e) s et n’engendre pas de symptômes. Quelques signes peuvent toutefois alerter :
_une grande fatigue ;
_un manque d’entrain ;
_un essoufflement ;
_une sensation de malaise ou des vertiges ;
_l’impression que son cœur « s’arrête » ;
_etc.
Dans les cas les plus graves, les patient(e) s peuvent même perdre connaissance (syncope). Et la Dr Kouakam d’ajouter : « Si le rythme cardiaque est de 20 battements par minute, la bradycardie peut mener à l’arrêt cardiaque ».
Risques : est-ce que la bradycardie est dangereuse ? (Un cœur qui bat lentement est-ce grave ?)
La bradycardie n’est pas forcément dangereuse, puisqu’elle peut rester asymptomatique.
Toutefois, en cas de symptômes handicapants et récurrents, elle doit être prise en charge pour éviter tout risque de complications lié, notamment, aux syncopes, qui peuvent provoquer des chutes graves et d’autres conséquences délétères.
Sans compter qu’il est indispensable d’éliminer des causes cardiovasculaires sous-jacentes et potentiellement graves.
Causes : qu’est-ce qui peut provoquer une bradycardie ?
On distingue tout d’abord des causes physiologiques, comme la pratique d’un sport à haut niveau ou le vieillissement naturel.
Les bradycardies iatrogènes, elles, sont liées à la prise de médicaments susceptibles de ralentir le rythme cardiaque, comme les bêta-bloquants, certains traitements contre l’insuffisance cardiaque ou certains antihypertenseurs.
Les bradycardies dites « secondaires » sont, comme leur nom l’indique, conséquentes à certaines pathologies chroniques, comme :
_l’hypothyroïdie ;
_l’épilepsie ;
_les ictères ;
_l’hypertension intracrânienne ;
_certaines infections, comme la fièvre typhoïde ;
_un syndrome d’apnée du sommeil ;
_l’amylose ;
_et / ou certaines maladies auto-immunes.
Si toutes ces causes ont été écartées, il s’agit certainement d’une bradycardie d’origine cardiaque, liée à :
_un infarctus du myocarde ;
_une infection de type péricardite, myocardite ou endocardite ;
_une anomalie du nœud sinusal (par exemple, des cicatrices laissées par une autre maladie cardiaque) ;
_une ou plusieurs anomalie(s) de l’influx électrique cardiaque entre les oreillettes et les ventricules (bloc auriculoventriculaire) ;
_ou une hémochromatose (une maladie génétique caractérisée par une hyperabsorption intestinale de fer).
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