Un vaccin à ARNm testé pour la première fois contre des bactéries mortelles

Les premiers vaccins à ARNm étaient dirigés contre un virus, celui de la Covid-19. Il semblerait que ce concept soit aussi applicable aux bactéries. Une avancée majeure, quand on connaît l’ampleur grandissante de l’antibiorésistance.

La résistance aux antibiotiques se développe de plus en plus et c’est un véritable fléau. Cela signifie que demain un enfant de 8 ans pourra peut-être mourir d’une simple otite, par exemple. Pour contrer cela, il y a plusieurs moyens d’action. Utiliser correctement les antibiotiques existants pour éviter que de nouvelles résistances ne se développent est le premier d’entre eux. Mais il y en a d’autres, comme mettre au point des thérapeutiques innovantes contre les bactéries. C’est ce qu’une équipe de l’université de Tel-Aviv a essayé de faire en développant un vaccin à ARNm dirigé contre des bactéries mortelles. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Sciences Advances.

Principe et particularité d’un vaccin dirigé contre les bactéries

L’ARN messager est une étape intermédiaire entre l’ADN et la synthèse des protéines. Il permet la diffusion de l’information génétique. Les vaccins dits à ARNm pour ARN messager comprennent des molécules d’ARNm codant pour des protéines antigéniques de l’agent pathogène. Notre organisme va lire l’ARNm, synthétiser l’antigène puis produire des anticorps dirigés contre lui.

L’antigène est sélectionné en amont comme étant une protéine non pathogène et capable de déclencher une réponse immunitaire massive. Les premiers vaccins à ARNm produits étaient dirigés contre un virus, le SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19. Les auteurs de cette étude sont les premiers à proposer un vaccin à ARNm dirigé contre des bactéries.

Lorsqu’une cellule humaine lit le morceau d’ARNm de bactérie et synthétise la protéine correspondante, elle y ajoute des éléments comme des sucres au moment de sa sécrétion hors de la cellule. Les auteurs ont donc dû trouver des voies de contournement pour que le système immunitaire puisse reconnaître l’antigène et produire des anticorps dirigés contre lui.

Il existe des bactéries mortelles contre lesquelles les antibiotiques existants sont de moins en moins efficaces. © AnnaStills, Adobe Stock

IL EXISTE DES BACTÉRIES MORTELLES CONTRE LESQUELLES LES ANTIBIOTIQUES EXISTANTS SONT DE MOINS EN MOINS EFFICACES. 

Quels sont les résultats chez l’animal ?

Les auteurs ont testé leur prototype de vaccin avec l’antigène de la peste chez des souris. Il y avait deux groupes : un groupe de souris vaccinées et un groupe de souris non vaccinées. Après leur avoir inoculé l’agent pathogène responsable de la peste, toutes les souris non vaccinées sont mortes tandis que les souris vaccinées ont su combattre l’infection et sont restées en bonne santé. Si lors de cet essai, c’est la bactérie responsable de la peste qui a été choisie, le concept est applicable à toutes les bactéries et en particulier à celles mortelles et résistantes aux antibiotiques actuellement disponibles.

Si de nombreuses étapes sont encore nécessaires avant la mise en route de campagnes de vaccination chez l’Homme, ces données apportent une lueur d’espoir dans le domaine de la résistance aux antibiotiques.

FUTURA

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