Une nouvelle espèce d’aigle géant du Pléistocène identifiée, digne d’une fiction de Tolkien

Des chercheurs australiens ont récemment découvert les restes d’un aigle éteint, évoluant en Australie il y a entre 50.000 et 700.000 ans : le Dynatoaetus gaffae, ou puissant aigle de Gaff. Avec son envergure d’environ trois mètres et ses serres de trente centimètres de long, ce chasseur de grandes proies exceptionnellement grand pourrait faire penser aux aigles géants fictifs du Seigneur des anneaux.

Dans la longue liste des personnages des œuvres de J.R.R Tolkien, auxquelles il a consacré le temps d’une vie, je demande les « Aigles géants ». Ces oiseaux fictifs, aussi présents dans la trilogie du Seigneur des anneaux ou dans celle du Hobbit adaptées par Peter Jackson, sont semblables à des aigles royaux actuels, mise à part peut-être leur taille gigantesque. Parfois, la fiction peut rejoindre la réalité. Dans une étude parue dans le Journal of Ornithology le 15 mars 2023, des chercheurs de l’université de Flinders (Australie) décrivent en effet un spécimen impressionnant et vieux d’environ 50.000 à 700.000 ans, dont l’envergure pouvait atteindre les trois mètres.

S’il n’allait donc pas jusqu’à atteindre, certes, les proportions de celles de ses homologues de l’épopée tolkienite (vingt-trois mètres, selon Wiki Fandom), l’aigle était probablement assez lourd pour ramasser avec ses serres colossales des proies de la taille d’un hobbit, notent nos confrères de LiveScience, qui relayent la découverte.

Parmi les plus grands rapaces de son époque

Tout commence en 1959, dans les profondeurs de la grotte de Mairs, au sud de la chaîne de Flinders (Flinders Ranges, Australie-Méridionale). Des spéléologues y découvrent des fossiles logés dans la pierre, parmi lesquels une griffe et l’os d’une aile, semblant provenir d’un grand aigle. Une décennie plus tard, une expédition permet de récupérer ces ossements, auxquels s’ajoutent une autre serre et une partie du sternum du même oiseau.

Il faudra attendre décembre 2021, cinquante ans après, pour que des spécialistes retournent dans la grotte afin d’identifier cet énigmatique spécimen. Ils y ont ainsi déniché un squelette relativement complet, comprenant un crâne, des os de patte et d’aile. Une découverte qui leur a permis d’enfin nommer et décrire cette espèce désormais disparue : le Dynatoaetus gaffae ou puissant aigle de Gaff, aux serres de trente centimètres de long et à l’envergure d’environ trois mètres, dimensions qui le classent parmi les plus grands rapaces continentaux jamais identifiés.

Le Dynatoaetus gaffae faisait deux fois la taille de l’aigle d’Australie (Aquila audax), qui a été l’un de ses contemporains — et qui lui, a survécu au-delà du Pléistocène. Seules deux espèces connues d’aigle éteintes semblent avoir été plus grandes que celle nouvellement révélée : le Gigantohierax suarezi, chasseur cubain de rongeurs géants et l’aigle géant de Haast (Hieraaetus moorei), charognard néo-zélandais capable de s’attaquer à des proies pouvant peser jusqu’à 230 kilogrammes, les moas géants de l’île du Sud (Dinornis robustus). Si ces deux rapaces géants semblaient avoir des envergures similaires au Dynatoaetus gaffae, elles étaient probablement plus lourdes que lui.

Des serres solides pour de lourdes proies

De plus amples recherches ont démontré que l’espèce n’était étroitement liée à aucun spécimen australien moderne. Le Dynatoaetus gaffae peut, comme le suggèrent les grands et puissants os de ses pattes et serres, être davantage (et surprenamment) apparentés aux vautours ancestraux et aux serpentaires d’Asie du Sud et d’Afrique. Ces derniers, comme l’indiquent leurs noms, chassent principalement des serpents.

Ils sont de petite à moyenne taille, à l’exception du pithécophage des Philippines (Pithecophaga jefferyi), l’un des plus grands rapaces aujourd’hui sur terre. Contrairement aux parents de sa sous-famille mangeurs de reptiles, il préfère s’attaquer aux singes, aux lémuriens volants, aux chauves-souris, aux oiseaux… et parfois aux cochons juvéniles ou aux cerfs.

Il semble ainsi que le Dynatoaetus gaffae ait pu lui ressembler, et attraper des grosses proies, plus lourdes que lui-même, précisent les chercheurs dans un communiqué de The Conversation. Pendant son règne, l’Australie était aussi peuplée de créatures géantes, notamment de grands oiseaux incapables de voler, ou des kangourous géants (Procoptodon) ou à face courte (Simosthenurus occidentalis), dont les petits ont pu constituer des proies convenables à leur inquiétant contemporain du ciel. Koalas et opossums à la cime des arbres devaient également être facilement atteignables.

Si cet aigle géant semblant tout droit sorti de l’imaginaire de J.R.R Tolkien était probablement l’un des principaux prédateurs du continent durant le Pléistocène, comment expliquer sa disparition ? Selon les scientifiques, il se serait éteint à peu près au même moment qu’une grande partie de la mégafaune australienne, il y a environ 50.000 ans. Peut-être que sa spécialisation dans la chasse de grands animaux lui a fait défaut quand ceux-ci ont disparu.

Quoi qu’il en soit, l’aigle d’Australie plus généraliste a finalement survécu aux rapaces spécialisés. Par ailleurs, un autre spécimen ancien jusque-là lui aussi inconnu a été découvert sur les terres australiennes en 2021 : l’Archaehierax sylvestris, probable amateur de koalas géants (Phascolarctos stirtoni) il y a environ 25 millions d’années.

geo

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