La visite du monarque britannique, prévue de dimanche à mercredi, est officiellement reportée en raison de la nouvelle journée de mobilisation annoncée pour le 28 mars. Mais des questions de sécurité se posaient, tout comme la présence de symboles potentiellement dévastateurs, en pleine crise politique et sociale liée à la réforme des retraites.
La séquence devait initialement offrir une respiration pour le président, mais risquait finalement de tourner au cauchemar. La première visite d’État de Charles III en France, qui devait débuter dimanche, a finalement été annulée ce vendredi matin.
Entre nouvelle journée de mobilisation prévue mardi prochain contre la réforme des retraites et plusieurs symboles à caractère inflammable de cette visite, l’Élysée a préféré jouer la carte de la sécurité.
« Une décision conjointe »
Du côté de l’entourage du chef de l’État, on assure cependant que la décision a été « prise conjointement » après « un appel d’une quinzaine de minutes », d’après des informations de BFMTV.
Le programme des journées à venir avait de quoi donner quelques sueurs froides à l’exécutif, notamment cette séquence prévue lundi au cours de laquelle le roi et Emmanuel Macron devaient descendre les Champs-Élysées.
Le choix du lieu interrogeait, alors que les gilets jaunes avaient manifesté à plusieurs reprises dans ce quartier et qu’une partie d’entre eux avaient commis d’importantes dégradations sur l’Arc de Triomphe. Autant dire qu’en plein regain de la contestation contre la retraite à 64 ans, les risques de débordement étaient loin d’être négligeables. « Les conditions étaient trop compliquées », résume un proche du président.
La crainte du symbole de Versailles
La crainte – peu probable – de photos ou vidéos du roi en train de déambuler dans des rues avec des ordures sur les trottoirs en pleine grève des éboueurs parisiens inquiétait également l’exécutif. Il faut dire que le roi tenait à aller à la rencontre des Français, notamment lors d’une visite au Centquatre, un lieu d’exposition dans le 19ème arrondissement de Paris.
Preuve que le ministère de l’Intérieur prenait la situation très au sérieux: un total de 4000 policiers et gendarmes devaient être mobilisés pour encadrer cette visite d’État.
Le lundi soir ne s’annonçait guère plus simple avec un dîner à Versailles, haut lieu de la monarchie absolue en France, en présence de la reine consort Camilla. Des clichés d’Emmanuel Macron en train de déambuler dans la Galerie des glaces avec le monarque britannique auraient pu être très mal perçus, en pleine crise politique et sociale. L’Élysée avait d’ailleurs un temps envisagé de déplacer ce repas dans ses propres murs.
Une visite à Bordeaux sous haute tension
Le déplacement du roi à Bordeaux le lendemain aurait lui aussi pu prendre des atours cauchemardesques, entre un trajet en tramway et la visite d’une exploitation vinicole bio sur fond de dixième journée de mobilisation prévue par l’intersyndicale. La ville a battu un record historique de manifestants ce jeudi avant que des tensions importantes n’éclatent avec les forces de l’ordre. La porte principale de la mairie a été incendiée.
Plus que la crainte d’un déplacement pertubé par des manifestants, les services du chef de l’État préfèrent pointer du doigt des des problèmes de « logistique » avec une venue en TGV depuis Paris – une éventuelle gageure en cas de grève très suivie dans le ferroviaire.
Les oppositions ironisent et veulent y voir un signe
La gauche ne s’est pas privée, elle, d’utiliser ce report. « Comme quoi, Emmanuel Macron a trouvé la marche arrière », se moque Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF sur Twitter. « Charles III a reculé, Macron reculera », espère de son côté l’insoumis Manuel Bompard.
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon s’est félicité de son côté de voir « la réunion des rois à Versailles dispersée par la censure populaire ». Même son de cloche pour la parlementaire LFI Clémentine Autain, qui y voit le signe que la monarchie vacille », en visant le président français.
Le roi Charles et Camilla indiquent de leur côté la reprogrammation d’une visite « dès que les dates pourront être trouvées ». Lors d’une conférence de presse depuis Bruxelles ce vendredi après-midi, Emmanuel Macron a évoqué la fixation d’une nouvelle date « au début de l’été ».
BMFTV