Capables de survivre aux environnements les plus arides qui soient sur Terre, les coléoptères Tribolium castaneum ont une astuce, dénichée par une équipe danoise. Elle était située dans l’orifice anal de l’insecte.
Si vous avez vu le film ou lu le roman Dune, le dispositif qui équipe l’insecte Tribolium castaneum (plus connu sous le sobriquet de ver de farine) va forcément vous rappeler quelque chose. Capable de vivre dans les environnements les plus arides et secs qui soit, y compris les silos de céréales où il fait des ravages, le coléoptère ne manque jamais d’eau.
Le ver de farine recycle l’eau contenue dans ses excréments
Tout comme le costume des Fremen, les humains des sables de Dune, le coléoptère recycle l’eau contenue dans ses excréments et autres déjections. A une exception près : l’insecte accomplit cette prouesse par son rectum ! Une équipe de l’université de Copenhage (Danemark) a localisé précisément le mécanisme moléculaire responsable de ce recyclage salvateur. Elle publie ses résultats dans le journal PNAS.
En préambule, il lui a fallu établir un atlas précis des différents transports moléculaires se déroulant dans l’organisme de l’insecte. L’équipe a quantifié l’intégralité des gènes et de leurs transcriptions en ARN dans tous les principaux tissus de l’insecte. Une fois ce BeetleAtlas constitué, l’équipe a pointé ses recherches en direction du rectum de l’animal pour déceler quel gène était le plus abondamment produit.
« Les forces osmotiques nécessaires à aspirer l’eau contenue dans les excréments »
Ils ont ainsi identifié NH1. Quelques expériences d’électrophysiologie leur ont révélé que NH1 était un gène important pour le transport d’ions dans les cellules du rectum et pour la captation d’eau par le même orifice. Preuve en était : en désactivant le gène NH1 chez des Tribolium, les animaux se desséchaient peu à peu jusqu’à mourir s’ils étaient placés dans des environnements très secs.
Selon les auteurs “NH1, couplé avec le transport d’ion K+ (Potassium) engendre les forces osmotiques nécessaires à aspirer l’eau contenue dans les excréments ». Maintenant que la BeetleAtlas est constitué et accessible à tous les chercheurs, les auteurs espèrent que leurs collègues vont s’emparer de l’outil. Pour maximiser son utilité et faciliter les recoupements, ils l’ont relié à plusieurs bases de données déjà constituées, celles de la mouche par exemple.
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