Finlande : face à la poussée de l’extrême droite, des législatives à haut risque pour Sanna Marin

La Finlande vote dimanche pour des élections législatives serrées, où la Première ministre sociale-démocrate Sanna Marin va tenter de rester au pouvoir face à ses rivaux de droite et d’extrême droite.

Stop ou encore ? La populaire Première ministre sociale-démocrate, Sanna Marin, tentera d’arracher un deuxième mandat face à ses rivaux de droite et d’extrême droite dans des élections législatives qui s’annoncent très serrées dimanche 2 avril, en Finlande.

La dirigeante de 37 ans, qui a acquis en quatre ans une renommée internationale, arrive dans les derniers sondages en troisième position mais dans un mouchoir de poche avec le chef de la Coalition nationale (centre droit), Petteri Orpo, et la leader du Parti des Finlandais, anti-immigration et eurosceptique, Riikka Purra.

Le poste de Premier ministre échoit traditionnellement en Finlande au chef du parti arrivé en tête, rendant crucial l’ordre final d’arrivée. Selon la dernière enquête d’opinion publiée jeudi, la Coalition nationale arriverait en tête, à 19,8 %, devant le parti des Finlandais à 19,5 %, puis le SDP de Sanna Marin, à 18,7 %, des écarts infimes qui sont dans la marge d’erreur.

« C’est une situation pleine de suspense et c’est difficile de dire à ce stade quel parti sera premier le jour du vote », souligne Tuomo Turja, de l’institut de sondage Taloustutkimus.

« Sanna Marin est une figure clivante »
Le Parti des Finlandais a déjà été au gouvernement, avant une scission en 2017 qui a vu s’imposer une ligne plus radicale. Mais s’il arrivait en tête dimanche, ce serait une première qui pourrait au passage le voir battre son record électoral (19,05 % en 2011) – et une bourrasque de plus sur la scène politique européenne.

Inconnue, même d’une bonne partie des Finlandais, à son arrivée au pouvoir fin 2019, Sanna Marin s’est bâti une notoriété mondiale, forte de son titre – perdu depuis – de plus jeune dirigeante dans le monde.

Devenue cheffe du gouvernement après la démission de son camarade Antti Rinne, c’est la première fois qu’elle mène son camp à la bataille électorale.

Auréolée d’un statut de Première ministre la plus populaire au XXIe siècle, elle a aussi d’une image nettement plus contrastée à domicile qu’à l’étranger.

« Sanna Marin est une figure clivante. Elle a des fans comme une rock star, mais d’un autre côté, il y a plein de gens qui ne la supportent pas », atteste Marko Junkkari, journaliste politique au quotidien de référence Helsingin Sanomat.

Sa coalition gouvernementale de cinq partis, composée des sociaux-démocrates, du Centre, des Verts, de l’Alliance de gauche et d’un parti suédophone, bat de l’aile depuis plusieurs mois. La formation centriste a déjà prévenu qu’elle refuserait de reconduire l’alliance sortante.

Sanna Marin est attaquée par l’opposition sur la dette qui a augmenté de près de 10 points de PIB durant son mandat. « Les prévisions sont très mauvaises. Nos finances publiques vont s’effondrer et cela mènera à l’érosion des fondations de notre État-providence », déclare à l’AFP Petteri Orpo, qui prône un plan d’économies de 6 milliards d’euros.

Sentiment anti-immigration et poussées inflationnistes
Les trois principaux partis sont en mesure d’améliorer leur score de 2019, mais la plus forte progression depuis l’été dernier vient du parti des Finlandais, qui a capitalisé sur le sentiment anti-immigration et les poussées inflationnistes.

Le parti a fait de la Suède voisine un repoussoir, en pointant son interminable guerre des gangs immigrés, dans une Finlande où la part d’habitants nés à l’étranger reste parmi les plus faibles d’Europe. « Nous ne voulons pas suivre la voie de la Suède. Nous soulignons les effets d’une politique dangereuse d’immigration », a dit Riikka Purra à l’AFP.

Son parti voit une sortie de l’UE comme un objectif à long terme et veut repousser l’objectif de neutralité carbone de la Finlande, actuellement fixé à 2035.

Les négociations pour former un gouvernement s’annoncent difficiles, dans cette élection marquée par une part record de femmes cheffes de partis – sept sur huit.

Jadis poids lourd de la politique finlandaise, le parti du Centre est passé de première formation en 2015 à son plus bas historique, après avoir été depuis huit ans dans les exécutifs de droite puis de gauche. Même en cas – probable – de score piteux, son choix d’alliance s’annonce crucial, car sans lui la droite et l’extrême droite ont peu de chances de bâtir une majorité.

Une autre option qui a la faveur de certains analystes est un gouvernement d’union gauche-droite. « Actuellement, le scénario le plus probable est un gouvernement bleu-rouge basé sur la Coalition nationale et le SDP », estime Tuomo Turja.

L’élection précède de quelques jours une date qui sera historique pour la Finlande, avec une entrée dans l’Otan qui pourrait avoir lieu la semaine prochaine. Mais le résultat électoral ne risque pas de faire dérailler le processus, tous les grands partis étant désormais des avocats de l’entrée dans l’Alliance atlantique, une bascule provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine.

AFP

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