S’exprimant au premier jour de sa visite d’État aux Pays-Bas mardi, le président français Emmanuel Macron a exposé sa vision d’une nouvelle ère de « souveraineté européenne », soulignant l’importance pour le continent de « façonner son propre destin ». Un discours perturbé par des militants hostiles à la politique climatique du président ainsi qu’à la réforme des retraites.
Il y a un peu plus d’un an, la Russie « a déclenché une guerre barbare en Ukraine », annonçant « l’une des périodes les plus périlleuses » pour l’Union européenne, avec une puissance nucléaire en guerre à ses frontières, a déclaré le président français.
La « souveraineté européenne » a pu sembler autrefois une « idée française », a-t-il poursuivi, voire un « vœu pieux ». Mais le fait de dépendre d’autres puissances place l’Europe dans une position où elle ne peut pas « décider pour elle-même ».
Renforcer l’intégration européenne
« Nous n’avons pas assuré notre sécurité économique » a déploré le chef d’État français, estimant que l’Europe devait « essayer de concevoir ce que pourrait être une doctrine de protection économique complète ».
Emmanuel Macron a appelé à « plus d’Europe et plus d’intégration » et estimé que la « fragmentation » des économies européennes était encore trop grande, sans pour autant « revenir à un protectionnisme qui n’aurait pas de sens ».
Il a également mis l’accent sur l’importance de développer les politiques industrielles du bloc – étape essentielle pour la décarbonation de l’économie, a-t-il souligné –, tout en favorisant l’indépendance de l’UE.
Attaqué sur la réforme des retraites
Alors qu’il allait débuter son discours, le président français a été interpellé par des militants sur le changement climatique et la réforme des retraites en France, lui reprochant le passage en force de cette mesure impopulaire, par le biais de l’article 49.3, sans vote à l’Assemblée nationale. Ils ont déroulé une banderole dévoilant le message « président de la violence et de l’hypocrisie ».
Face à ces interpellations, Emmanuel Macron a répondu en assurant que le débat social était « très important » mais que sa conférence n’était pas le lieu pour protester. « Vous votez et vous élisez des personnes (…) La contrepartie est que vous devez respecter les institutions votées par le peuple », a-t-il dit.
Le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision sur la réforme des retraites vendredi avant que le président de la République ne puisse promulguer le texte. Jeudi, les syndicats organise une douzième journée de grève et de manifestations nationales à travers le pays.
Ne « pas se détourner de nos alliés »
Ce discours d’Emmanuel Macron intervient également en pleine polémique suite à ses propos tenus durant son voyage en Chine. Dans l’avion du retour, vendredi, le président avait affirmé que l’Europe ne devait pas être « suiviste » sur la question de Taïwan, en s’adaptant au « rythme américain » ou à une « surréaction chinoise ». Ces propos, tenus lors d’une entretien accordé à plusieurs médias, ont suscité de vives critiques.
Accusé par certains de renvoyer Washington et Pékin dos-à-dos, et parfois même de faire preuve d’ingratitude envers les États-Unis, le président français n’a pas fait d’allusion claire à cette polémique. Il a tout de même tenu à clarifier sa position.
« Défendre la souveraineté ne signifie pas se détourner de nos alliés, mais être capables de choisir nos partenaires et notre destinée plutôt que d’être les témoins des évolutions dramatiques de notre monde » a-t-il expliqué.
Le président français et son épouse Brigitte participent mardi soir à un dîner d’État, organisé en leur honneur par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima. Parmi les hôtes de marque figurent l’architecte néerlandais Rem Koolhaas et le directeur du Tour de France Christian Prudhomme.
Reuters