Il y a peu encore, Elon Musk rejoignait le millier d’experts réclamant une pause dans le développement des intelligences artificielles afin de mieux les encadrer. Aujourd’hui, de nombreux indices démontrent qu’il travaille assidûment sur une IA pour son réseau social Twitter. Tout concourt à penser que le patron de SpaceX, Tesla, Neuralink et Twitter cherche à créer une alternative à ChatGPT, voire à la supplanter, et qu’il est loin d’avoir dit son dernier mot.
Elon Musk investit dans l’intelligence artificielle (IA) au sein de Twitter, d’après un article publié mardi par Insider, alors que le multimilliardaire a signé le mois dernier un appel à faire une pause dans la recherche sur les IA de dernière génération. Selon des sources anonymes d’Insider, le dirigeant a récemment acheté quelques 10 000 processeurs graphiques, et le projet d’IA de Twitter comporterait notamment un modèle de langage.
Ces modèles, entraînés à partir de quantités importantes de données, sont capables de générer toutes sortes de textes et de répondre aux questions des utilisateurs via des interfaces comme ChatGPT (OpenAI) ou Bard (Google). Elon Musk, qui a licencié des milliers d’employés de Twitter depuis qu’il a racheté la plateforme en octobre, a aussi embauché des spécialistes de l’IA, d’après Insider.
L’article mentionne le recrutement d’Igor Babuschkin et Manuel Kroiss, tous deux passés par DeepMind, la branche d’IA d’Alphabet — la maison mère de Google. Le site spécialisé The Information avait déjà indiqué fin février que le patron de Tesla, SpaceX et Twitter tentait de constituer une équipe pour rivaliser avec OpenAI, qui crée la sensation depuis l’année dernière avec le succès de ChatGPT. Sollicités par l’AFP, Igor Babuschkin n’a pas répondu dans l’immédiat et l’adresse de Twitter pour la presse a automatiquement envoyé un désormais typique émoticône en forme de crotte.
Comment gérer les risques liés à cette technologie ?
De Microsoft à Snapchat, tous les géants de la tech et de nombreuses start-up investissent dans l’IA générative. Mais l’adoption et la progression ultra rapides de cette technologie suscitent aussi de nombreuses inquiétudes, surtout quand Sam Altman, le patron d’OpenAI, parle de l’avènement prochain de l’intelligence artificielle dite « générale », quand les programmes seront « plus intelligents que les humains en général ».
Fin mars, des centaines d’universitaires, patrons et personnalités, dont Elon Musk, Steve Wozniak (cofondateur d’Apple) et Emad Mostaque (patron de Stability AI), ont appelé à une pause de six mois dans la recherche sur les intelligences artificielles plus puissantes que GPT-4, le dernier modèle de langage d’OpenAI.
Ils évoquent différents risques liés à cette technologie, et s’interrogent en ces termes : « Est-il souhaitable de développer des esprits non humains qui pourraient au final nous dépasser en nombre, en intelligence et nous remplacer ? ».
Elon Musk a cofondé OpenAI en 2015, avant de quitter l’entreprise en 2018. La start-up californienne est principalement financée par Microsoft depuis 2019. Il a depuis critiqué la société, estimant notamment dans un tweet en décembre dernier qu’elle entraîne l’IA à être woke (terme désignant une frange de la gauche américaine), c’est-à-dire à « mentir ».
futura