LE POINT SUR LA SITUATION – Le roi du Maroc s’est rendu ce mardi au centre hospitalier universitaire de Marrakech. Il s’agit de son premier déplacement sur le terrain depuis que le séisme a frappé le pays vendredi dernier.
La Croix-Rouge lance un appel d’environ 100 millions d’euros, le bilan s’élève à 2900 morts, l’ONU apporte son soutien au Maroc…Le Figaro fait le point sur la situation au Maroc.
Mohammed VI en visite au centre hospitalier de Marrakech
Le roi Mohammed VI du Maroc a rendu visite mardi à des blessés du puissant séisme qui a frappé le pays, dans un hôpital de la cité touristique de Marrakech, a indiqué l’agence officielle MAP. Le roi s’est rendu au centre hospitalier universitaire de Marrakech où il «s’est enquis de l’état de santé des blessés», avant de faire un don de sang, selon l’agence. Le séisme a fait 5530 blessés selon le dernier bilan officiel publié mardi. Son épicentre se situait dans la province d’al-Haouz au sud de Marrakech.
Le souverain «a visité le service de réanimation et celui d’hospitalisation des victimes du séisme où il s’est informé de l’état de santé des personnes blessées ainsi que des soins qui leur sont prodigués», a ajouté la MAP. Le roi avait présidé samedi à Rabat une réunion consacrée à l’examen de la situation après le séisme et les mesures d’aide aux populations touchées.
Macron dénonce des «polémiques qui n’ont pas lieu d’être» sur l’aide française au Maroc
Emmanuel Macron a dénoncé mardi des «polémiques qui n’ont pas lieu d’être» sur la relation bilatérale entre la France et le Maroc, alors que Rabat n’a pour l’heure pas retenu l’aide proposée par Paris, après le séisme dévastateur dans la région de Marrakech. «C’est évidemment à Sa Majesté le Roi et au gouvernement du Maroc, de manière pleinement souveraine, d’organiser l’aide internationale et donc nous sommes à disposition de leur choix souverain», a déclaré le président français dans une vidéo postée sur le réseau X, en appelant à ce que «toutes les polémiques qui viennent diviser (…) puissent se taire».
«C’est depuis la première seconde ce que nous faisons de manière tout à fait normale et donc je souhaiterais que toutes les polémiques qui viennent diviser, qui viennent compliquer les choses dans ce moment qui est déjà si tragique, puissent se taire par respect pour toutes et tous», a-t-il ajouté. Rabat a annoncé dimanche avoir accepté le soutien de quatre pays (Espagne, Grande-Bretagne, Qatar et Émirats arabes unis), mais n’a pas sollicité d’aide française, suscitant aussitôt beaucoup d’interrogations.
La Croix-Rouge lance un appel de fonds
La Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé mardi 11 septembre un appel de fonds d’environ 100 millions d’euros pour soutenir les opérations de secours au Maroc après le terrible séisme. L’organisation internationale a déjà débloqué 1 million de francs suisses de son Fonds d’urgence pour les réponses aux catastrophes, afin de soutenir les activités du Croissant-Rouge marocain sur le terrain.
«Et aujourd’hui, nous lançons un appel d’urgence afin d’intensifier notre action auprès du Croissant-Rouge marocain», a annoncé la directrice des opérations du FICR, Caroline Holt, lors d’un point de presse à Genève. «Nous avons besoin de 100 millions de francs suisses (105 millions d’euros) pour pouvoir répondre aux besoins les plus urgents», a-t-elle détaillé.
Le bilan monte à 2900 morts
Vendredi soir, le séisme le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de soixante ans a fait près de 2900 morts et dévasté des villages entiers de maisons en terre ou en argile dans une zone montagneuse du haut-Atlas, où les éboulements ont encore rendu difficile l’accès aux villages sinistrés. Les secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, tentent d’accélérer les recherches pour retrouver d’éventuels survivants et fournir des abris à des centaines de familles qui ont perdu leur maison. Mais dans certaines zones isolées, les habitants affirment être abandonnés à leur sort.
«Nous devons nous assurer d’éviter une deuxième vague de catastrophes et c’est pourquoi, en ce moment précis, nous soutenons les communautés marocaines (…). Cela comprend la santé, le logement, l’accès à l’eau potable et à la nourriture», a indiqué Caroline Holt, soulignant les risques de maladies d’origines hydriques. Le Maroc a pour l’instant accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et sauvetage: l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis.
Les Nations unies «prêtes à apporter leur soutien»
Mardi, Caroline Holt n’a pas critiqué le refus du Maroc de ne pas accepter l’aide d’autres pays, soulignant qu’il s’agit d’un événement d’une ampleur considérable. «Je pense que le gouvernement marocain prend des mesures prudentes avant d’accepter des offres bilatérales de soutien de la part de gouvernements et qu’il se concentre sur les opérations de recherche et sauvetage avant que cette fenêtre ne se referme, ce qui ne manquera pas d’arriver dans les heures à venir», a-t-elle relevé.
«La coordination et un examen minutieux de la situation à ce moment précis sont essentiels», a-t-elle insisté, expliquant qu’il ne fallait pas introduire «davantage de chaos dans un scénario déjà chaotique». Présent à ses côtés lors du point de presse, un porte-parole de l’ONU, Rolando Gomez, a pour sa part indiqué que les Nations unies «sont prêtes à apporter leur soutien» au Maroc.
«Bien sûr, nous n’avons pas de capacités de mener des opérations de recherche et sauvetage. Mais nous avons la capacité de coordonner, nous avons la capacité de coordonner l’aide humanitaire indispensable dans ces circonstances très complexes», a-t-il insisté. Pour sa part, une porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que 41 tonnes d’aide médicale d’urgence, principalement des moyens pour la chirurgie d’urgence, devraient être envoyés sous peu au Maroc à partir de la base de l’OMS à Dubaï.
Une collecte en faveur des sinistrés devant le stade Bollaert de Lens
Alors que l’équipe nationale de football du Maroc doit affronter le Burkina Faso ce mardi soir à Lens, plusieurs personnes sont venues apporter des médicaments et des vêtements au pied du stade Bollaert, pour une collecte en faveur des sinistrés marocains. Les dons sont immédiatement chargés dans un grand camion pour rallier Algésiras, en Espagne, par la route puis le Maroc par bateau. De l’argent sera aussi récolté à chaque entrée du stade.
Des secouristes espagnols étaient présents lundi
Dimanche soir, le Maroc a annoncé avoir accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et sauvetage: l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Émirats arabes unis. Selon des correspondants de l’AFP, des secouristes espagnols étaient présents lundi dans deux localités frappées par le séisme au sud de Marrakech, Talat Nyaqoub et Amizmiz. «La grande difficulté réside dans les zones éloignées et difficiles d’accès comme ici, mais les blessés sont héliportés», a déclaré à l’AFP la cheffe de l’équipe espagnole, Annika Coll.
«C’est difficile à dire si les chances de trouver des survivants s’amoindrissent car par exemple en Turquie (frappée par un très violent séisme en février), nous avons réussi à trouver une femme vivante après six jours et demi. Il y a toujours de l’espoir», a-t-elle ajouté. «Il est aussi important de retrouver les corps sans vie car les familles doivent savoir et faire le deuil».
Le séisme a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain). Il est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc. Le séisme est le plus meurtrier dans le royaume depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960: entre 12.000 et 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
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