Plusieurs personnes, dont l’ancien chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara, ont été sorties samedi de prison par un commando, avant d’être finalement reprises. L’un d’entre eux est cependant encore « introuvable », comme l’explique à France 24 le porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual Diallo. « Ce qui est clair, c’est que ces personnes ont bénéficié d’un appui, de certaines complicités », ajoute-t-il.
L’ancien chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara, sorti de prison avec trois autres personnes samedi matin par un commando lourdement armé, a finalement été repris et remis derrière les barreaux avec deux autres évadés le même jour. Seul manque encore à l’appel le colonel Claude Pivi, « encore introuvable » selon le porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual Diallo.
« Ces personnes ont bénéficié d’un appui, de certaines complicités », explique aussi dimanche 5 novembre sur l’antenne de France 24 Ousmane Gaoual Diallo. « Ce qui est clair, c’est qu’ils ont un lien avec la personne qui a dirigé le commando. C’est le fils d’un des accusés, le colonel Claude Pivi, qui a dirigé les opérations et qui est lui-même un militaire. »
Celui qui est aussi ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique précise que le commando intervenu samedi à la prison de Conakry « est venu préparé pour enlever ces quatre personnes ».
Ousmane Gaoual Diallo refuse de « rentrer dans la polémique avec l’avocat » de Moussa Dadis Camara, qui avait laissé entendre samedi que son client aurait pu être sorti de prison contre son gré.
Il précise, cependant, que les premiers éléments de l’enquête en cours semblent aller dans un autre sens : « C’est difficile de dire qu’ils ont été enlevés. Ils n’étaient pas les seuls accusés de ce procès (du massacre du 28 septembre 2009, NDLR) qui se trouvaient dans cette maison centrale. Pourquoi ce sont quatre personnes liées par l’accusation qui sont parties ? », interroge-t-il.
Et le porte-parole de l’exécutif guinéen poursuit : « Ces quatre personnes sont parties, c’est vrai, ils sont sortis et certains d’entre eux ont été retrouvés à 26 km de la prison et d’autres à 17 km. Deux personnes se sont déplacées à moto. Est-ce qu’on peut enlever quelqu’un et l’emmener à moto ? C’est difficile sans la volonté de la personne. »
« Cela doit aussi permettre la poursuite du procès » du 28-Septembre
Dans l’attente que l’enquête « permette de souligner les responsabilités » de chacun, Ousmane Gaoual Diallo explique que la capture des trois évadés a une importance dans le cadre du procès du massacre du 28-Septembre : « La presse a pu leur rendre visite hier (samedi) pour s’assurer qu’ils sont sains et saufs et n’ont subi aucune violence, parce que cela doit aussi permettre la poursuite du procès en cours ».
Et le ministre de rappeler l’enjeu de ce procès « historique » : « Il peut être important dans la phase de reconstruction et de réconciliation de notre pays. Donc nous ferons en sorte que et les accusés et les personnes qui viennent témoigner puissent avoir une sécurité renforcée pour la sérénité des débats. »
« Le procès doit pouvoir se poursuivre tranquillement, et c’est pour cela qu’il est important que la sécurité soit renforcée et que les dispositions prises par les autorités soient rassurantes et garantissent un procès équitable, transparent et qui donne le droit à la défense tout en garantissant la sécurité aux victimes et à ceux qui viennent témoigner pour que les Guinéens puissent regarder en face l’histoire tragique de leur pays », conclut Ousmane Gaoual Diallo.
« Sans cela, il sera difficile de se réconcilier, de faire face à notre histoire, et c’est quelque chose qui est fondamental pour la Guinée, mais aussi pour l’Afrique. »
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