Le président chinois a dirigé les commémorations, jeudi, à Pékin, devant des dizaines de milliers de personnes.
Peut-être s’agissait-il simplement d’éviter la canicule, mais le symbole est, malgré tout, assez fort. En convoquant dès 7 h 30 des dizaines de milliers de Chinois pour commémorer sur la place Tiananmen les 100 ans du Parti communiste, jeudi 1er juillet, Xi Jinping a manifestement voulu faire passer un message : confrontée à un environnement international difficile, la Chine doit rester mobilisée. Comme en temps de guerre ou presque. Dès huit heures, cent coups de canon et un défilé aérien de dizaines d’avions de combat et d’hélicoptères ont donné le ton de la cérémonie : martial.
Jusque-là, l’ambiance sur la place était bon enfant. Arrivés à partir de 5 heures du matin, souvent après avoir passé une nuit blanche, environ 70 000 Chinois triés sur le volet semblaient s’attendre à une matinée festive. Leur seul regret : l’interdiction faite à l’immense majorité d’entre eux – même ceux venus du lointain Tibet – d’apporter leur téléphone portable pour immortaliser l’événement. Des Chinois sans portable ne sont pas tout à fait des Chinois. Du coup, un certain nombre a même bravé la recommandation qui leur était faite de ne pas parler aux étrangers en demandant à ces derniers de les prendre en photo et de les leur transférer par la messagerie WeChat.
Beaucoup avaient encore en tête les cérémonies du 70e anniversaire de l’arrivée du Parti communiste au pouvoir, marquées le 1er octobre 2019 par une impressionnante parade militaire suivie d’un gigantesque défilé civil, à la fois kitsch et populaire. En fait, rien de tel aujourd’hui. Contrairement à 2019, Xi Jinping s’est exprimé durant plus d’une heure. Pour se féliciter des progrès accomplis par le Parti communiste, bien sûr, qui a fait de la Chine un « pays modérément prospère », mais aussi pour mettre en garde les « impérialistes » qui auraient l’audace de vouloir s’en prendre à lui ou chercheraient à diviser le peuple chinois et les communistes : « Les plus de 95 millions de communistes ne l’accepteront pas, pas plus que les plus de 1,4 milliard de Chinois », a dit le secrétaire général du PCC.
Pour Xi Jinping, l’histoire de la Chine se compose de trois périodes. L’empire jusqu’aux guerres de l’opium du XIXe siècle, la soumission à l’Occident de 1840 à 1949 puis, grâce à Marx et Mao, « le grand renouveau de la nation chinoise », une expression qu’il a martelée à de nombreuses reprises. « Seul le socialisme a pu sauver la Chine. Seul le socialisme aux caractéristiques chinoises a pu développer la Chine », a expliqué le secrétaire général, dont le costume traditionnel « style Mao » de couleur grise tranchait, en haut du balcon de la Cité interdite, avec la couleur plus sombre du costume des gérontes qui l’entouraient. Pour lui, l’histoire de la Chine depuis 1949 est un tout. Pas question de trier le bon grain de l’ivraie. Ce qui importe, c’est que, grâce au Parti communiste, « le grand renouveau de la nation chinoise est entré dans une phase historique irréversible ». L’objectif pour les années à venir est tracé : devenir un pays socialiste moderne en 2035.
Source: lemonde
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