L’avion qui était immobilisé depuis jeudi dans la Marne pour une suspicion de trafic d’êtres humains a décollé pour l’Inde lundi en début d’après-midi. Les deux passagers indiens qui étaient soupçonnés d’être des passeurs n’ont pas été mis en examen et sont ressortis libres.
Les deux passagers indiens du vol Dubaï-Nicaragua intercepté dans la Marne, qui étaient soupçonnés d’être des passeurs, n’ont pas été mis en examen et sont donc ressortis libres, lundi 25 décembre, après leur interrogatoire devant un juge d’instruction parisien, a-t-on appris auprès de leurs avocats, confirmés par une source judiciaire.
Leur avion était cloué au sol depuis jeudi.
« On ne peut que saluer la lecture extrêmement précise et minutieuse de la juge d’instruction qui a su se défaire de la médiatisation de ce dossier pour reconnaître qu’aucun élément grave et concordant n’existait pour permettre la mise en examen de notre client », s’est félicitée auprès de l’AFP Me Salomé Cohen, avocate d’un des deux mis en cause qui ont été placés sous le statut plus favorable de témoin assisté.
Ces deux hommes, nés en 2000 et 1984, avaient été placés en garde à vue vendredi, soupçonnés d’avoir joué un rôle dans ce qui pourrait être une filière d’immigration clandestine.
Décollage pour l’Inde
L’avion immobilisé depuis jeudi à l’aéroport de Vatry (Marne) a redécollé lundi à 14H35 vers Bombay, avec 276 passagers indiens à bord sur les 303 initiaux.
Outre ces deux Indiens, 25 autres, dont deux mineurs, restent pour le moment en France après avoir formulé une demande d’asile, qui va être analysée à l’aéroport Charles-de-Gaulle, a précisé la préfecture de la Marne dans un communiqué.
L’Airbus A340 de la petite compagnie roumaine Legend Airlines ne devait initialement effectuer qu’une escale technique d’une heure à Vatry, le temps de faire le plein sur son trajet reliant Dubaï (Émirats arabes unis) à Managua (capitale du Nicaragua). Mais il y a été immobilisé à la suite d’un « signalement anonyme » selon lequel des passagers étaient « susceptibles d’être victimes de traite d’êtres humains » en bande organisée, avait indiqué le parquet de Paris vendredi.
« Ma crainte, c’est qu’on les remette dans l’avion, et après ? »
« On ne sait pas si c’est de la traite d’êtres humains, du trafic de migrants ou ni l’un, ni l’autre… Mais on a quand même gardé dans un aéroport, pendant trois nuits et trois jours, 303 personnes qui étaient en escale, des hommes, des femmes et des enfants. C’est surprenant », a réagi dimanche auprès de l’AFP Geneviève Colas, coordinatrice pour le Secours catholique-Caritas du Collectif contre la traite des êtres humains.
La préfecture de la Marne souligne que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés dans la zone d’attente de l’aéroport créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite, ainsi qu’une « zone ‘famille’ pour assurer l’intimité parent-enfant ».
Mais Me François Procureur, bâtonnier de Châlons-en-Champagne, s’est ému dimanche de « problèmes d’exiguïté et de mauvaises conditions de vie ».
« Ma crainte, c’est qu’on les remette dans l’avion, et après ? S’ils sont vraiment victimes de traite, ce n’est pas normal de simplement les faire repartir vers un autre pays », juge Geneviève Colas.
La justice avait remis en cause dimanche la légalité de la procédure maintenant les passagers dans cette zone d’attente, la jugeant illégale pour trois premiers passagers auditionnés par un juge des libertés et de la détention.
AFP