«Nous baisserons nos taux cette année», promet le gouverneur de la Banque de France

Parmi les bonnes nouvelles, François Villeroy de Galhau confirme dans «la Tribune dimanche» le «net recul de l’inflation» et son retour à 2% d’ici 2025. L’activité française va ralentir mais pas de récession à l’horizon, assure le gouverneur.

«Vaincre l’inflation est la première préoccupation des Français. Ici, nous sommes sur la bonne voie». Dans un entretien accordé à la Tribune Dimanche, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a fait part de ses prévisions pour l’année à venir. Inflation, croissance, emploi, finances publiques…

Pour le gouverneur, l’année 2024 s’annonce moins «incertaine» que les précédentes, malgré les turbulences géopolitiques.

Première nouvelle, le «net recul de l’inflation» observé par la Banque de France en ce début d’année. «Le point haut de l’inflation a été atteint en février 2023, à un peu plus de 7%. Elle est redescendue aujourd’hui autour de 4%.

Selon nos prévisions, elle passerait sous les 3% avant la fin de ce premier semestre».

La France entame donc une période de désinflation qui, selon le gouverneur, «entraînera une hausse en moyenne du pouvoir d’achat, car les prix augmenteront dorénavant moins vite que les salaires» Le spectre de la flambée des prix s’éloignant, le moteur de l’économie française redeviendra la «croissance», et non plus les «exportations», comme ce fut le cas ces dernières années.

«C’est un moteur plus régulier et plus sûr», assure le gouverneur, afin d’assurer que «l’inflation reviendra à 2% d’ici à 2025».

Si la baisse des prix de l’énergie a permis d’accélérer la désinflation, la politique monétaire y a aussi «bien contribué». «La politique monétaire joue un rôle très important pour modérer la hausse des prix dans les services et les biens manufacturés. Ces résultats donnent une crédibilité forte à l’action de la BCE», estime François Villeroy de Galhau.

Les bonnes nouvelles sur le front de l’inflation vont permettre à la Banque de France de lâcher du lest sur les taux.

«Nous baisserons nos taux cette année», assure le gouverneur, qui ne communique pas de date précise. «Nous devrons éviter deux risques: baisser trop tôt et alors lâcher la cible d’inflation à 2% d’ici 2025, mais aussi agir trop tard et freiner excessivement l’activité», prévient le dirigeant.

Un ralentissement de l’activité mais pas de récession
La prudence est donc de mise, et ce, d’autant que l’activité n’est pas florissante sur le Vieux continent. «Il y a un ralentissement de l’activité, en France comme en Europe», admet François Villeroy de Galhau. Le rythme de croissance attendu par l’institution est d’environ 0,2% par trimestre, ce qui conduirait à «0,9% sur l’ensemble de 2024».

Malgré ce ralentissement, le gouverneur ne craint pas de «retournement de conjoncture», ni de «récession», que ce soit en France ou en Europe.

Autre point positif, les performances de l’Hexagone en matière d’emploi. «Le ralentissement économique n’a pas dissuadé les entreprises d’embaucher», se félicite le gouverneur, rappelant que le taux de chômage que connaît actuellement le pays est «le plus bas depuis plus de quarante ans».

Reste des points de vigilance.

La situation géopolitique, d’abord. La Banque de France se penche régulièrement sur les conséquences d’un éventuel embrasement au Moyen-Orient. Dans un autre registre, François Villeroy de Galhau assure porter un œil attentif sur l’endettement des entreprises françaises, plus élevé que celui des entreprises américaines. Pour y remédier, le gouverneur appelle à «une union de financement et d’investissement européenne» qui tirerait avantage de l’excédent d’épargne du Vieux continent.

«Nous transmettons à nos enfants la facture»
De l’endettement des entreprises à celui des États: garant de la stabilité monétaire, François Villeroy de Galhau a aussi évoqué le nécessaire redressement des finances publiques françaises. «Il y a un peu plus de quarante ans, la dette de la France représentait 20% du pays, c’est aujourd’hui 112%.

Nous transmettons à nos enfants et aux jeunes la facture!», a-t-il interpellé.

En laissant filer la dette, la France prend le risque de se laisser piéger par la charge de la dette, qui augmente inexorablement. «Elle sera multipliée par plus de trois entre 2021 et 2027, ce qui mange notre manœuvre budgétaire», alerte-t-il.

Pour sortir de la spirale de l’endettement, François Villeroy de Galhau rappelle la nécessité de «sortir des boucliers tarifaires».

À ce titre, il salue la décision prise par Bercy d’augmenter progressivement les tarifs de l’électricité au 1er février. «La décision n’était pas facile mais elle est nécessaire», estime-t-il. Pour stabiliser la dette, le gouverneur préconise un déficit budgétaire en dessous de 3% d’ici 2027, à l’image des efforts consentis par nos voisins.

«Ils réussissent en dépensant moins. Regardons ce qui fonctionne ailleurs pour nous en inspirer», conclu le patron de la Banque de France.

lefigaro

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