Nord de la France : le corps d’un migrant retrouvé dans le canal de l’Aa

Le corps d’un homme avec des « papiers d’identité au nom d’une personne de nationalité syrienne » a été découvert tôt mardi matin dans le canal de l’Aa, qui se jette dans la mer du Nord, a indiqué le parquet de Dunkerque. Ce signalement correspond fortement à celui d’un jeune Syrien de 27 ans, porté disparu depuis le 3 mars en tentant de monter dans un canot dans ce canal pour rejoindre le Royaume-Uni.

Nouvelle découverte macabre dans le nord de la France. Mardi 19 mars dans la matinée, le corps d’un homme avec des « papiers d’identité au nom d’une personne de nationalité syrienne » a été retrouvé dans le chenal de l’Aa, à Grand-Fort-Philippe, a indiqué le parquet de Dunkerque.

Une enquête a été ouverte « aux fins de recherche des causes de la mort ».

Les investigations auront deux objectifs : « vérifier l’identité du défunt, celui-ci ayant été retrouvé porteur de papiers d’identité au nom d’une personne de nationalité syrienne, signalée disparue » et « déterminer les circonstances de son décès », a indiqué le parquet.

L’enquête devra notamment « établir s’il était à bord d’une des embarcations récemment prises en charge et secourues dans cette zone », a ajouté cette source, indiquant qu’une « autopsie » et « plusieurs analyses techniques » devaient être réalisées à cette fin.

« Jeune homme de 27 ans d’origine syrienne décédé. Drame humain qui devient une banalité », a réagi le maire de Grand-Fort-Philippe, Sony Clinquart, sur X.

Le corps pourrait être celui d’un Syrien disparu depuis le 3 mars

Le corps retrouvé pourrait être celui de Jumaa Alhasan, un Syrien de 27 ans porté disparu depuis le 3 mars. Plusieurs exilés avait signalé sa disparition auprès des équipes de l’association Utopia 56. « Nous étions sur le bateau, et notre ami a essayé de venir avec nous [pour traverser] vers le Royaume-Uni. La police est arrivée, nous avons eu peur d’avoir des problèmes.

Notre ami a sauté pour nous rejoindre, mais il ne nageait pas très bien et nous l’avons perdu dans la rivière », expliquait alors Bachir, un proche de Jumaa Alhasan, aux bénévoles.

« Nous avons crié à la police, et ils s’en fichaient. L’un d’eux nous a dit : ‘Ce n’est pas notre travail’ ».

Quatorze associations avaient annoncé le 12 mars avoir saisi le parquet de Dunkerque pour rouvrir l’enquête et reprendre les recherches. « Pour Jumaa et sa famille, il est nécessaire que les autorités compétentes reprennent les recherches, telles qu’elles auraient été menées si la victime n’avait pas été une personne en exil », avaient déclaré les ONG dans un communiqué.

Pour éviter les contrôles policiers sur les plages, les migrants empruntent les cours d’eau, qui se jettent dans la Manche ou la mer du Nord.

« Avant, les trafiquants enterraient le matériel nautique sur la plage, et ils gonflaient le bateau juste avant la traversée pour ne pas être interceptés », expliquait à InfoMigrants, Xavier Delrieu, chef de l’Oltim. « Maintenant, on a beaucoup de taxi-boats, c’est-à-dire que le bateau est gonflé et mis à l’eau sur des cours d’eau [comme la Canche, l’Aa… ndlr] qui rejoignent la mer.

Les passeurs remontent ensuite la côte et chargent les passagers à un endroit bien précis, ce qui permet d’éviter l’interception sur la plage ». Car selon le droit maritime, les policiers ne peuvent pas interpeller les bateaux déjà sur l’eau.

Ce nouveau décès porte à 10 le nombre de personnes mortes depuis janvier dans le nord de la France en tentant de rallier le Royaume-Uni via la Manche.

infomigrants

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