Un homme soudanais est mort dans la nuit de jeudi à vendredi, au large de Calais. Son embarcation s’est abîmée en mer chargée de 85 passagers, secourus eux par un patrouilleur français. C’est le troisième naufrage dans la zone en moins de sept jours.
C’est le troisième naufrage en une semaine. Dans la nuit de jeudi 18 à vendredi 19 juillet, un migrant est décédé au large de Calais, alors que son embarcation sombrait en mer. Selon une source policière, il s’agirait d’un jeune homme d’origine soudanaise.
Quatre-vingt-cinq personnes éthiopiennes, érythréennes et soudanaises, selon des éléments récoltés par les pompiers, ont par ailleurs été secourues.
Peu avant 1h du matin, « l’embarcation, très chargée, est en difficulté et les personnes à bord demandent assistance au patrouilleur de service public Cormoran », rapporte la préfecture maritime de la mer du Nord et de la Manche (Premar).
Le Cormoran récupère alors cinq personnes tombées à l’eau avant de transférer à son bord les autres migrants et de constater qu’une personne est inanimée.
Décès d'une personne en mer à bord d'une embarcation de migrants au large de Calais (62).
Coordination par @CROSSGrisNez
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Mercredi déjà, une femme érythréenne de 32 ans a trouvé la mort lors de la tentative de traversée d’un canot transportant 72 migrants.
Partie de Gravelines, l’embarcation s’est dégonflée, projetant des passagers à l’eau. La jeune femme, inconsciente lors du sauvetage opéré par un patrouilleur français, « n’a pas pu être réanimée » par l’équipe médicale de la SMUR (structure mobile d’urgence et de réanimation médicale), hélitreuillée depuis Boulogne-sur-Mer.
« Certains sont restés dans l’eau une heure »
Vendredi 12 juillet aussi, quatre migrants sont morts après le naufrage de leur embarcation dans la Manche. Ils avaient pris la mer depuis les côtes proches de Boulogne-sur-Mer vers 2h du matin dans l’espoir de rallier l’Angleterre. Le navire de sauvetage des autorités françaises, Minck, et un bateau de pêche qui se trouvaient à proximité du naufrage au large de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) sont intervenus rapidement, et ont tout de même pu secourir 66 migrants.
David Malfoy, qui a aidé à repêcher cette nuit-là 14 exilés dont une femme avec son équipage du Caprice des temps II, n’a jamais connu « une situation aussi critique ».
« Certains sont restés dans l’eau une heure. C’est beaucoup trop, a-t-il déploré à InfoMigrants lors d’un hommage aux victimes, à Dunkerque. Une fois au port, on leur a donné nos blousons, parce qu’il pleuvait et qu’ils n’avaient plus rien. Ça n’a pas de sens. Je suis certain qu’on pourrait mieux faire ».
Pour faire face à l’augmentation constante des traversées dans la Manche, les autorités françaises ont renforcé depuis 2021 la surveillance dans la zone.
Des équipes de la Marine nationale, de la gendarmerie et des douanes, réparties dans six navires, sillonnent quotidiennement le détroit à la recherche de « small boats » en détresse. Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage maritimes (CROSS) Gris-Nez est responsable de la coordination du sauvetage.
« Dès qu’une embarcation lui a été signalée par les forces de sécurité intérieures à terre, par un bateau de commerce ou de plaisance, ou par les migrants eux-mêmes, le CROSS nous appelle et nous demande d’aller sur le secteur pour voir ce qu’il se passe », avait expliqué à InfoMigrants Véronique Magnin, porte-parole de la Premar en poste sur l’Abeille Normandie, affrété par la Marine nationale.
Mais pour ces navires, il est parfois trop tard, comme l’atteste les trois derniers naufrages survenus cette semaine. Depuis le début de l’année, 22 personnes sont mortes en tentant de gagner les côtes anglaises, d’après la Premar. Un bilan beaucoup plus lourd que celui de l’ensemble de l’année 2023 où douze migrants étaient décédés dans des circonstances similaires.
Des embarcations plus chargées
Cette semaine, la préfecture du Pas-de-Calais soulignait que le nombre moyen de personnes par embarcation n’avait cessé d’augmenter ces dernières années, passant de 41 en 2022 et 49 en 2023 à « 63 ces dernières semaines ». « Ce qui caractérise la période c’est un nombre de personne à bord plus élevé, sur des embarcations qui ne sont pas adaptées », a confirmé vendredi à l’AFP la coordinatrice de l’association Utopia 56 à Calais.
« On a constaté ces derniers temps des embarcations qui se délitent, alors qu’il y a un moyen de sauvetage à proximité : dès qu’elles coulent, plusieurs personnes sont à l’eau, même si on va les les chercher en 15-20min », confirme auprès d’InfoMigrants Véronique Magnin ce jour.
« On a moins de départs mais des embarcations plus chargées », assure encore de son côté Utopia 56. L’association observe par ailleurs « une augmentation du nombre de personnes qui arrivent à Calais depuis deux semaines ». Dont « des familles avec enfants ».
Jeudi, le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a reçu au Royaume-Uni 40 dirigeants européens, a indiqué qu’un « consensus » avait émergé lors des discussions pour s’attaquer aux « gangs » criminels qui organisent l’immigration illégale en Europe.
Pressé de questions, le président français Emmanuel Macron a réaffirmé l’engagement de la France à « constamment améliorer la situation ». « Il n’y a pas de baguette magique, parce que nous connaissons la situation. Nous faisons de notre mieux », a-t-il déclaré.
Depuis des années, Paris et Londres multiplient les mesures destinées à endiguer les traversées. Sans grand succès. Depuis le 1er janvier 2024, plus de 14 000 personnes ont atteint le Royaume-Uni, soit une hausse de 18% par rapport à la même période l’an dernier.
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