Le Mexique commémore ce vendredi les 500 ans de la chute de Tenochtitlan, la capitale de l’empire Aztèque qui a été prise par le conquistador espagnol Hernan Cortez et ses troupes le 13 août 1521. Mais la commémoration historique s’est transformée en polémique après que le président Andrés Manuel Lopez Obrador a demandé à nouveau des excuses à l’Espagne pour les violences et les violations des droits de l’homme pendant la conquête et la colonisation.
Cette posture relève en grande partie d’une stratégie politique interne. En faisant ça, il montre qu’il tient tête aux grandes puissances comme l’Espagne ou les États-unis qui contrôlent toujours une grande partie de l’économie mexicaine. Mais selon un sondage, plus de la moitié des Mexicains trouvent que ces excuses ne sont pas nécessaires et 60% estiment que le président instrumentalise les commémorations à des fins politiques.
Beaucoup d’historiens sont montés au créneau et sont intervenus dans les médias pour rappeler les faits historiques et éviter que l’histoire ne soit transformée ou distordue.
La colonisation a été très violente envers les populations locales mais celles-ci ont aussi joué un rôle central dans la chute de l’empire aztèque. Le 13 août 1521, le conquistador Hernan Cortez a pris Tenochtitlan, la capitale des aztèques. Mais il était arrivé deux ans avant sur les côtes mexicaines avec 300 hommes seulement. Et entre temps, il s’était allié avec d’autres peuples ennemis des aztèques. On peut donc parler d’une guerre d’alliance plus que d’une conquête. Sans cette alliance, les Espagnols n’auraient jamais pu faire tomber la grande civilisation aztèque. Pour vous donner une idée, Tenochtitlan avait 150 000 habitants à l’arrivée des espagnols alors que Madrid n’en avait que 3 000 au même moment.
Des dizaines de peuples étaient assujettis aux Aztèques qui leur imposaient un très lourd tribut et ils ont profité de l’arrivée des Espagnols pour lutter contre leur bourreaux. C’est pour ça que beaucoup d’historiens pensent que des excuses de la part de l’Espagne ne seraient pas justifiées.
En revanche, beaucoup d’activistes et d’historiens soutiennent que l’État mexicain pourrait lui-même présenter ses excuses et offrir des réparations aux peuples indigènes, qui ne représentent plus que 10% de la population mexicaine, preuve de la violence qui leur a été faite. L’exclusion et le racisme envers eux sont encore très marqués dans le pays.
Relance du débat sur l’identité nationale
Cette commémoration historique a donc aussi relancé un débat national sur l’identité parce que cette période est à l’origine de la société mexicaine telle qu’on la connaît aujourd’hui. Un mélange de culture préhispanique et de traditions espagnoles, le fruit du métissage entre le peuple conquis et les oppresseurs. Et cela suscite encore le débat.
La narration historique traditionnelle montre le Mexique comme un pays qui a perdu face à l’Espagne, comme un peuple vaincu, mais ce n’est finalement pas vraiment le cas. L’historien mexicain Pedro Angel Palou qui a consacré sa carrière à la période de la colonisation pense même que ne plus se percevoir comme les victimes pourrait être bénéfique pour les Mexicains. Pour lui, le mythe de la supériorité militaire espagnole fait encore du mal aujourd’hui. Les Mexicains ont tendance à penser qu’ils n’ont pas de chance face aux étrangers. On le voit encore de nos jours dans le domaine économique ou même dans le sport.
Source: rfi
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