Les rebelles au Yémen menacent de riposter aux frappes américaines meurtrières

Les rebelles houthis au Yémen ont menacé de riposter aux frappes américaines qui ont visé plusieurs de leurs bastions, dont la capitale Sanaa, et fait au moins 31 morts selon les insurgés dimanche.

En annonçant les raids samedi, le président américain Donald Trump a promis « l’enfer » aux « terroristes houthis » après leurs menaces contre le commerce maritime et Israël, et a sommé l’Iran de cesser son soutien à ces rebelles. L’Iran a condamné des frappes « barbares » et rejeté les menaces de M. Trump.

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen en guerre, dont la capitale Sanaa, ont averti que les frappes américaines menées samedi soir « ne resteront pas sans réponse ».

« Nos forces armées sont prêtes à répondre à l’escalade par l’escalade », a prévenu le bureau politique des Houthis, qui font partie de ce que l’Iran appelle l' »axe de la résistance » face à Israël et qui regroupe aussi le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et des factions irakiennes.

Selon le ministère de la Santé des Houthis, les frappes ont visé Sanaa, le gouvernorat de Saada (nord) et la ville de Radaa dans la province d’Al-Bayda (centre) et ont fait au moins 31 morts et 101 blessés, « la plupart des enfants et des femmes ».

Des images diffusées par les médias houthis montrent des enfants et une femme parmi des blessés soignés aux urgences d’un hôpital, dont une fillette aux jambes couvertes de bandages.

– « Peur » –

Une image diffusée par l'armée américaine montre le lancement de frappes contre les rebelles houthis au Yémen, le 15 mars 2025 ( US Central Command (CENTCOM) / - )

« Je n’ai jamais eu autant peur depuis le début de la guerre » au Yémen, confie un habitant de Sanaa, Malik, père de trois enfants, évoquant des bombardements « absolument terrifiants ».

« Mes enfants hurlaient et pleuraient dans mes bras. C’est la première fois que je prononce la Chahada », la prière récitée avant la mort, assure cet homme de 43 ans.

Les Etats-Unis ont mené « une action militaire décisive et puissante » contre les Houthis, a déclaré Donald Trump sur son réseau social Truth en annonçant ces premières frappes américaines au Yémen depuis son retour à la Maison Blanche.

« Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif », a-t-il prévenu, à propos de ces rebelles classés « organisation terroriste étrangère » par les Etats-Unis.

Une photo diffusée par EUNAVFOR ASPIDES le 5 septembre 2024 et datée du 2 septembre montre des colonnes de fumée et du feu à bord du pétrolier grec Sounion au large de la ville yéménite de Hodeida, en mer Rouge, après avoir été attaqué en août par les rebelles houthis ( EUNAVFOR ASPIDES  / - )

Le Commandement central américain, qui a publié des vidéos d’avions de combat décollant et d’une bombe détruisant un complexe, a fait état de « frappes de précision » lancées pour « défendre les intérêts américains, dissuader les ennemis et rétablir la liberté de navigation ».

– Avertissement à l’Iran –

Les rebelles ont mené plusieurs attaques aux missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec Israël, disant agir en solidarité avec les Palestiniens, après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Une image diffusée par l'armée américaine le 15 mars 2025 montre des avions décollant pour une opération contre les rebelles houthis au Yémen ( US Central Command (CENTCOM) / - )

Après l’entrée en vigueur le 19 janvier d’une trêve à Gaza après 15 mois de guerre destructrice, les Houthis avaient cessé leurs attaques.

Mais le 11 mars, ils ont annoncé leur intention de reprendre les attaques au large du Yémen contre des navires de commerce qu’ils estiment liés à Israël, après le refus d’Israël de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.

« Ne menacez pas le peuple américain, leur président (…) ou les routes maritimes mondiales.

Et si vous le faites, attention, parce que l’Amérique vous en tiendra totalement responsable et nous ne vous ferons pas de cadeau! », a lancé le président américain à l’adresse de l’Iran.

Ce à quoi Téhéran a répondu par le biais de son chef de la diplomatie Abbas Araghchi: « le gouvernement américain n’a aucune autorité et aucun droit de dicter la politique étrangère de l’Iran ».

« L’Iran ne cherche pas la guerre, mais si quelqu’un le menace, il donnera des réponses appropriées, résolues et définitives » à toute attaque, a averti le général Hossein Salami, le chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique d’Iran.

– Entretien Rubio-Lavrov –

Une foule imposante de Yéménites manifestent contre Israël et en solidarité avec les Palestiniens, à Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, le 17 janvier 2025 ( AFP / Mohammed HUWAIS )

Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d’Etat Marco Rubio a affirmé que « la poursuite des attaques houthies contre les navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge ne sera pas tolérée », selon le département d’Etat.

M. Lavrov, dont le pays est proche de l’Iran, a répondu que toutes les parties devraient s’abstenir de recourir à la force au Yémen.

Les attaques des Houthis contre les navires ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.

Un Yéménite empile à l'arrière d'une moto des colis d'aide humanitaire fournis par des organisations caritatives koweïtiennes aux déplacés par la guerre au Yémen, dans la région de Hays dans la province occidentale de Hodeida, le 9 mars 2025 ( AFP / Khaled ZIAD )

Selon le Pentagone, les Houthis ont « attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023 ».

Pays pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est en proie à une guerre civile depuis 2014 qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué une catastrophe humanitaire.

afp

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