Elles sanctionnent régulièrement les grandes entreprises numériques, surtout étrangères, accusées de ne pas effacer des contenus faisant l’apologie de drogues, du suicide et liés à l’opposition.
L’amende de 7,2 milliards de roubles (87 millions d’euros au taux actuel) dont a écopé Google est toutefois inédite par son montant.
Dans un communiqué sur Telegram, le service de presse des tribunaux de Moscou a indiqué que le géant californien avait été reconnu coupable de « récidive », car il n’a pas supprimé de ses plateformes des contenus jugés illégaux.
Le tribunal n’a pas précisé de quel contenu il s’agissait. « Nous allons étudier les documents de la cour et déciderons ensuite des mesures à adopter », a affirmé à l’AFP le service de presse de Google, sans plus de commentaires.
Cette amende pourrait être suivie d’une autre dans la journée contre Meta (maison mère de Facebook), autre poids lourd du numérique, jugé par le même tribunal de Moscou.
En octobre, le gendarme russe des télécoms, Roskomnadzor, avait menacé Meta de lui infliger des amendes pouvant atteindre « entre 5% et 10% du chiffre d’affaires » annuel de sa filiale en Russie, soit des centaines de millions d’euros.
Amendes, menaces, blocages
Outre la pression des amendes, les autorités ont menacé d’arrêter des employés d’Apple et Google en Russie si elles ne coopéraient pas, selon des sources internes à ces groupes.
En septembre, juste avant des élections législatives, Moscou avait réussi par ce biais à contraindre ces deux sociétés, accusées d' »ingérence électorale », à retirer de leurs magasins virtuels en Russie l’application de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny.
Quand on ne se plie pas à leurs exigences, les autorités russes ont également recours à des blocages temporaires ou permanents. Plusieurs sites liés à M. Navalny, dont les organisations ont été reconnues comme « extrémistes » par la justice russe, ont été bloqués définitivement.
En septembre, la Russie a aussi bloqué six logiciels très utilisés de réseaux privés virtuels (VPN) permettant d’avoir accès au nombre grandissant de sites internet interdits.
Depuis 2014, la loi russe requiert également que les entreprises web stockent les données de leurs utilisateurs russes en Russie, une législation qui a coûté à Facebook, Google ou encore aux messageries Telegram et WhatsApp des milliers d’euros d’amende.
Les autorités développent aussi un système controversé d' »internet souverain » qui donnera à terme la possibilité d’isoler le net russe en le séparant des grands serveurs mondiaux.
Le Kremlin nie vouloir bâtir un réseau national sous contrôle, comme c’est le cas en Chine, mais c’est ce que craignent ONG et opposants.
En janvier 2021, le président Vladimir Poutine avait jugé que les géants de l’internet étaient « en concurrence de facto avec les États », dénonçant leurs « tentatives de contrôler brutalement la société ».
Le pouvoir russe renforce enfin de façon grandissante sa main mise sur les champions du numérique russe.
Passé sous le contrôle d’une filiale du géant gazier Gazprom, le groupe de tech russe VK, maison mère du premier réseau social de Russie « VKontakte », a annoncé ainsi mi-décembre la nomination comme PDG de Vladimir Kirienko, fils d’un proche collaborateur de M. Poutine.