Joe Biden a donné mercredi une longue conférence de presse et dressé le bilan de sa première année à la Maison Blanche. Le président américain, dont l’agenda législatif est bloqué au Congrès, a critiqué l’obstruction de l’opposition tout en vantant les « progrès » de son administration. Il a aussi reconnu que son objectif premier, à savoir rassembler les Américains, n’était pas encore atteint.
Les États-Unis sont-ils plus unis depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche ? La question, posée mercredi 19 janvier au président américain lors d’une conférence de presse marathon, pouvait sembler grandiloquente. Elle faisait pourtant référence à la plus grosse promesse de campagne du démocrate : rassembler un pays déchiré. À la veille du premier anniversaire de son arrivée au Bureau Ovale, le président américain a reconnu qu’il pouvait mieux faire : « Je dirais que oui, mais le pays n’est pas aussi unifié qu’il devrait l’être. »
Après un an d’exercice du pouvoir, Joe Biden qui s’était présenté pendant la campagne comme un homme de compromis, a admis n’avoir pas « anticipé […] un tel effort d’obstruction […] de la part de l’opposition ». Sa première avancée législative, le plan de relance de 1 900 milliards de dollars signé en mars, a en effet été obtenue sans aucune voix républicaine. Et pour son plan sur les infrastructures, il a dû revoir ses ambitions à la baisse. Le texte voté cet été a certes reçu le soutien de quelques républicains, mais il prévoit un investissement de 1 milliard de dollars contre les 2,3 milliards initialement espérés par le Président.
Divisions dans le camp démocrate
Reste que l’obstruction républicaine n’explique pas tout. Si Joe Biden semble surpris par son ampleur, il avait pourtant connu une situation similaire, lorsqu’il était le vice-président de Barack Obama. Qui plus est, la suite de son agenda législatif coince aujourd’hui au Sénat en raison, avant tout, des divisions dans son propre camp. Deux sénateurs démocrates élus dans des États conservateurs, Joe Manchin en Virginie-Occidentale et Kyrsten Sinema en Arizona, se dressent en effet sur sa route.
Ils refusent de voter la loi « Build Back Better » (« Reconstruire en mieux »), le volet écologique et social du plan infrastructures, 1 750 milliards de dollars milliards de dollars de dépenses supplémentaires. Face à ce blocage, Joe Biden dit ne pas vouloir revoir ses priorités à la baisse. Il concède toutefois qu’il devra peut-être scinder sa loi en petits morceaux pour faire passer les mesures qui font consensus.
L’autre texte phare poussé par l’administration Biden, une loi fédérale visant à protéger l’accès au vote des minorités, a aussi été enterré à cause de Joe Manchin et Krysten Sinema. Ces derniers ont refusé de modifier les règles du Sénat afin de supprimer le « filibuster », une arme d’obstruction permettant à l’opposition de prendre la parole pendant une durée illimitée jusqu’à ce que la majorité abandonne le projet.
Joe Biden a suggéré, sans entrer dans les détails, qu’il pourrait signer des décrets faute de loi. Car sans action pour protéger le droit de vote, les résultats des prochaines élections pourraient ne pas être « légitimes », a-t-il prévenu mercredi. Depuis la victoire du démocrate à la présidentielle, les républicains s’affairent en effet, dans les États qu’ils dirigent, à voter des lois « anti-fraude » ayant pour résultat de restreindre l’accès aux urnes.
Dégringolade
De quoi donner des sueurs froides aux démocrates, qui redoutent de perdre leur majorité au Congrès en novembre. La popularité de Joe Biden ne cesse en effet de dégringoler, et tourne autour de 42 % d’opinions favorables contre près de 60 % à son arrivée au pouvoir. Seul Donald Trump a fait pire dans l’histoire moderne. « Je sais qu’il y a beaucoup de frustration et de fatigue dans ce pays », a reconnu le démocrate lors de sa conférence de presse.
Lui qui promettait en début de mandat « la lumière au bout du tunnel » grâce à la vaccination a dû se résoudre au fait que la pandémie était partie pour durer. De quoi peser sur le moral des Américains, par ailleurs éprouvés par une inflation galopante, 7 % en un an. Joe Biden, qui a longtemps minimisé le problème, a cette fois admis qu’un « effort de longue haleine » serait nécessaire. « Et d’ici là, ce sera douloureux pour beaucoup de monde. »
Malgré ces « défis » qui ont rythmé son année, le président américain a tenu à vanter les « progrès » réalisés sous son administration, notamment des « créations d’emplois record » et une « croissance record ». « Les meilleurs jours de l’Amérique sont devant nous, pas derrière nous », a-t-il assuré. Sa bonne résolution pour cette année ? « Sortir plus souvent », à la rencontre de ces Américains qu’il n’a pas renoncé à rassembler.
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