Des nouvelles pratiques agricoles tentent d’enrayer le déclin de cette forêt amphibie, victime de la surexploitation et du changement climatique.
Les chevilles enfoncées dans la vase, à marée basse, Marianne Ndong scrute le demi-hectare de mangrove qu’elle a participé à replanter trois ans plus tôt aux abords de son village, Dassilamé Sérère, dans le delta du Sine Saloum, dans le sud du Sénégal. « Sans la mangrove qui retient l’eau, nos habitations allaient disparaître, et nous avec », explique l’ostréicultrice de 39 ans, coiffée d’un tissu wax bleu et jaune.
En Afrique de l’Ouest, 25 % de la superficie de cette forêt amphibie a disparu entre 1980 et 2006, selon une équipe de chercheurs américains. A l’origine de ce déclin : la surexploitation (pour le bois de chauffe ou de construction) des palétuviers, ces arbres aux racines aériennes qui vivent dans l’eau saumâtre. En cause également, le changement climatique avec la hausse des températures, la sécheresse et le déficit hydrique qui accélèrent l’évaporation de l’eau et augmentent donc la concentration de sel qui tue les palétuviers.
Avec l’érosion du littoral et l’ensablement des chenaux (appelés « bolongs ») qui en découlent, l’écosystème fragile se dégrade petit à petit. Selon les Nations unies, les mangroves disparaissent cinq fois plus rapidement que les forêts.
Dans la commune de Toubakouta, cinq hectares ont été replantés par les communautés ces trois dernières années, avec un taux de survie de 87 %. « Tout autour des jeunes palétuviers, nous notons une amélioration du sol : les crabes et les mollusques circulent, la texture de la terre est plus riche. L’année prochaine, nous pourrons planter dans des zones qui étaient devenues désertiques et sableuses, et qui sont redevenues propices au reboisement, explique Mamadou Bakhoum, coordonnateur au sein de l’association inter-villageoise de développement (AIVD). Cela nous permet de continuer le processus de récupération de terre doucement mais sûrement. »
lemonde
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