Éthiopie : des ONG dénoncent un « nettoyage ethnique » au Tigré

Fatuma Hussein, 40, brings her granddaughter, Fatuma Abdi, 7, for treatment after her left leg was injured by explosives that were left close to their house during fighting between the Ethiopian National Defence Force (ENDF) and the Tigray People's Liberation Front (TPLF) forces, at the Dubti Referral Hospital, Dubti town, Afar region, Ethiopia, February 24, 2022. REUTERS/Tiksa Negeri SEARCH "NEGERI ETHIOPIA AFAR" FOR THIS STORY. SEARCH "WIDER IMAGE" FOR ALL STORIES

Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch affirment, dans un rapport conjoint publié mercredi, que des forces spéciales et milices de la région d’Amhara, en Éthiopie, se livrent, depuis novembre 2020, à un « nettoyage ethnique » pour forcer certains Tigréens à quitter leurs foyers.

Deux grandes organisations de défense des droits de l’Homme ont accusé, mercredi 6 avril, les forces armées de la région d’Amhara, en Éthiopie, de mener une campagne de nettoyage ethnique contre les Tigréens au cours d’une guerre qui a tué des milliers de civils et déplacé plus d’un million de personnes.

Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont déclaré dans un rapport conjoint que les abus commis par des responsables de la région d’Amhara, des forces spéciales régionales et des milices lors des combats dans l’ouest du Tigré, constituaient des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Elles ont également accusé l’armée éthiopienne de complicité dans ces actes.

« Depuis novembre 2020, les responsables et les forces de sécurité de la région d’Amhara se sont engagés dans une campagne implacable de nettoyage ethnique pour forcer les Tigréens de l’ouest du Tigré à quitter leurs foyers », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW.

« Mensonges »
Gizachew Muluneh, porte-parole du gouvernement de la région d’Amhara, a déclaré à Reuters que les allégations d’abus et de nettoyage ethnique dans l’ouest du Tigré étaient des « mensonges » et des informations « fabriquées ».

Amnesty et HRW ont déclaré que les forces tigréennes ont également commis des abus au cours de la guerre de 17 mois, mais que ce n’était pas l’objet du rapport.

L’enquête, qui se fonde sur 427 entretiens avec des survivants, des membres de leur famille et des témoins, constitue l’évaluation la plus complète à ce jour des exactions commises pendant la guerre dans le Tigré occidental.

Cette région a connu certaines des pires violences de la guerre, qui a opposé le gouvernement du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et ses alliés de la région d’Amhara au Front populaire de libération du Tigré (TPLF). Le TPLF dominait le gouvernement éthiopien avant l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2018. Les régions d’Amhara et du Tigré revendiquent toutes deux la zone, qui est contrôlée par les forces d’Amhara et l’armée éthiopienne.

Restrictions linguistiques
Outre les massacres répétés, le rapport cite des réunions au cours desquelles des responsables de la région d’Amhara ont discuté de plans visant à éliminer les Tigréens et les restrictions qu’ils ont imposées à leur langue comme preuves de nettoyage ethnique.

Les autorités fédérales n’ont pas enquêté sur ces allégations. Toujours selon le rapport, l’armée nationale a commis « des meurtres, des arrestations et des détentions arbitraires, ainsi que des actes de torture contre la population tigréenne ».

Reuters

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