Le yen tombe à son plus bas niveau face au dollar depuis 20 ans

Le yen est tombé mercredi à son plus bas niveau depuis 20 ans face au dollar, lesté par l’écart grandissant entre la politique monétaire japonaise ultra-accommodante et le resserrement de celle de la Fed face à l’inflation américaine.

Un dollar s’échangeait pour 126,15 yens vers 06H30 GMT, ayant allègrement franchi quelques minutes plus tôt la barre des 125,86 yens, une première depuis 2002.

Le yen est sur une pente déclinante par rapport au dollar depuis début 2021, à partir du moment où les rendements des bons du Trésor américain ont fortement augmenté, sur fond du vif rebond de la croissance aux Etats-Unis et du début de l’accélération de l’inflation dans le pays.

La devise nippone avait déjà perdu 10% de sa valeur face au billet vert l’an dernier, et a encore lâché plus de 8% depuis le début de cette année.

La faiblesse de la monnaie japonaise s’est encore accrue quand la Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à resserrer sa politique monétaire pour contrer une inflation de plus en plus élevée aux Etats-Unis.

Car à contre-courant des autres grandes banques centrales, la Banque du Japon (BoJ) maintient sa politique monétaire ultra-accommodante, estimant que les conditions macroéconomiques ne sont toujours pas réunies au Japon pour resserrer celle-ci.

La flambée des prix de l’énergie et d’autres matières premières, qui s’est intensifiée depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine fin février, a encore accéléré la chute du yen depuis le mois dernier.

Le yen est traditionnellement une « valeur refuge » en cas de fortes turbulences sur les marchés. Cependant ce statut n’a pas fonctionné depuis le début du conflit russo-ukrainien, car la flambée des prix de l’énergie creuse le déficit commercial du Japon, grand importateur d’hydrocarbures.

La BoJ continue d’estimer pour le moment que la faiblesse du yen est globalement positive pour l’économie japonaise, en améliorant notamment la compétitivité des prix des exportations du pays et en dopant les bénéfices de ses entreprises quand elles convertissent en yens leurs revenus réalisés à l’étranger.

Mais ce dogme, auquel adhère aussi le gouvernement, a commencé à faire débat au Japon. Car la baisse brutale du yen conjuguée à l’envolée des prix de l’énergie fragilise les petites et moyennes entreprises centrées sur le marché national, ainsi que le pouvoir d’achat des ménages nippons, dont la consommation est déjà en berne.

Les responsables politiques japonais ont récemment multiplié les déclarations s’alarmant de la plongée de la monnaie nationale. Mardi, le ministre des Finances japonais Shunichi Suzuki a assuré que le gouvernement allait « suivre de près les développements sur le marché des changes ».

Le Premier ministre Fumio Kishida a de son côté estimé devant le Parlement que de rapides fluctuations du cours du yen étaient « indésirables » et que la stabilité du cours des changes était « importante ».

AFP

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