Candidat commun de la coalition de gauche Nupes, Eric Coquerel, député de La France insoumise, a été élu jeudi pour un an président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, un poste stratégique dévolu à l’opposition.
C’est donc à l’opposition de gauche que revient la prestigieuse et stratégique présidence de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Candidat commun de la Nupes, Éric Coquerel, 63 ans, s’est imposé au troisième tour avec 21 voix contre 11 pour le candidat RN Jean-Philippe Tanguy et 9 pour la LR Véronique Louwagie, alors que les députés de la majorité se sont abstenus.
Après trois suspensions de séance, le député Charles de Courson (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) a retiré sa candidature pour ce troisième tour décisif.
La commission des Finances, la seule dont la présidence est réservée à l’opposition depuis 2007 a un rôle stratégique : l’examen des budgets avant leur arrivée dans l’hémicycle, ou de projets de loi comme celui sur le pouvoir d’achat attendu en juillet. Elle offre aussi l’accès à des informations couvertes par le secret fiscal, sans cependant pouvoir les dévoiler.
Les tractations allaient bon train depuis dix jours. Elles se sont accélérées mardi avec l’annonce d’un candidat commun de l’alliance de gauche Nupes, préféré en interne à la socialiste Valérie Rabault, contrainte de renoncer face au leadership des LFI, plus importante force de gauche à l’Assemblée. Elle a obtenu en échange une vice-présidence de l’institution.
Le RN, qui lorgnait le poste, a crié à la « manœuvre » après cet accord entre les quatre groupes de gauche Nupes, soit 151 députés au total. Le candidat du parti d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy avait par ailleurs appelé mardi à « faire respecter l’esprit du règlement » de l’Assemblée, en confiant la présidence au plus gros groupe d’opposition – le RN compte 89 députés contre 75 Insoumis. Le règlement stipule simplement que le poste doit revenir à un élu d’un groupe d’opposition.
Éric Coquerel siégeait déjà parmi les quelque 70 membres de la commission lors de la précédente législature. Il est élu pour un an comme les autres présidents de commission.
Le député de la majorité Jean-René Cazeneuve (Renaissance, nouveau nom de LREM), seul candidat, a obtenu l’autre poste clé de la commission des Finances, rapporteur général du budget.
La majorité à la tête des autres commissions
Les autres commissions se partagent entre sept élus de la majorité : 5 Renaissance (ex-LREM), une élue Horizons et un Modem.
Aux Lois, c’est Sacha Houlié, députée Renaissance de la Vienne, 33 ans, qui présidera. Aux Affaires sociales, Fadila Khattabi, députée Renaissance de Côte-d’Or est réélue. Guillaume Kasbarian, député Renaissance dirigera la commission des Affaires économiques. Thomas Gassilloud, député du Rhône pour le parti parti présidentiel prend la tête de la commission de la Défense nationale et des forces armées. Agnès Firmin Le Bodo, députée Horizons de Seine-Maritime est élue aux Affaires culturelles et de l’Education. Aux Affaires étrangères, le député MoDem des Hauts-de-Seine, Jean-Louis Bourlanges a été réelu. Jean-Marc Zulesi, député Renaissance dans les Bouches-du-Rhône, prend la tête de la commission du Développement durable et aménagement du territoire.
Contrairement à 2017, la parité n’est pas respectée à ces hauts postes. Mais les macronistes s’abritent derrière l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée, première femme au perchoir, et d’Aurore Bergé comme patronne du groupe parlementaire LREM.
Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, les commissions permanentes disposent d’un pouvoir accru. Elles sont les premières à se saisir d’un texte qui correspond à leur champ de compétence et peuvent l’amender.
Les présidents des commissions peuvent également intervenir pendant les séances, quand ils le souhaitent, sur un texte qui les concerne. Un privilège, alors que le temps de parole est étroitement contrôlé dans l’hémicycle.
AFP