Les parlementaires de la CDU-CSU mettent en garde : l’influence de la Russie en Afrique a augmenté de manière significative au cours des dernières années. Un engagement qui se fait souvent de manière dissimulée par le biais de représentants comme le groupe de mercenaires Wagner.
La CDU et la CSU exigent donc du gouvernement fédéral qu’il réagisse à cette influence croissante.
« La Russie mène une campagne de désinformation très ciblée en Afrique afin de discréditer les partenaires occidentaux. Et c’est ce qui s’est passé récemment au Mali, où des trolls russes ont largement fait campagne sur Facebook contre l’intervention de l’Onu et contre l’armée allemande. Et ces campagnes ont également joué un rôle déterminant dans le fait que les Français ont été priés de quitter le Mali. Et que faisons-nous contre cela ? Nous ne faisons pratiquement rien contre cela », estime Katja Leikert de la CDU-CSU.
Collaborer avec les organisations africaines
Karamba Diaby, du groupe SPD, plaide pour sa part, pour un renforcement du partenariat avec les organisations africaines.
« Dans un monde multipolaire, après le 24 février, les organisations régionales comme l’Union africaine ont plus de responsabilités. Il faut les renforcer et les intégrer dans notre projet. Pour la situation sur place et pour toute la région du Sahel, la poursuite de notre engagement est essentielle. Pour notre coopération avec les 54 pays africains, il ne s’agit pas de se retirer mais de renforcer notre partenariat sur un pied d’égalité dans nos efforts pour l’avenir. C’est ainsi que nous pourrons contrer l’influence de la Russie » explique Karamba Diaby.
Liens historiques entre la Russie et l’Afrique
Pour Jamila Schäfer, des Verts, il ne faut pas occulter la dimension historique des liens entre certains pays du continent et la Russie. Des liens qui ont compté lors desrécents votes à l’Onu.
« Nombre des Etats africains qui se sont abstenus ces dernières semaines se sont battus pour leur indépendance contre des Etats coloniaux au milieu du siècle dernier. L’Afrique du Sud, la Namibie, l’Ethiopie et la Guinée, entre autres, ont obtenu de l’aide pour leur lutte. Ils l’ont reçue de l’Union soviétique, par exemple, lors de la guérilla du mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud ou en Namibie. Et l’attachement de ces Etats à la Russie ? Il résulte de cette histoire. S’y ajoutent des liens économiques, militaires et politiques étroits dans certaines parties du continent. Et la Russie exploite aujourd’hui sans vergogne ces liens pour son propre impérialisme », dit Jamila Schäfer.
Respect de la souveraineté des Etats
Pour le porte-parole du groupe parlementaire de gauche, Die Linke, pour les questions européennes, Andrej Hunko, il importe pour l’Allemagne et l’Europe de respecter la souveraineté des Etats africains.
« Nous refusons aussi bien un colonialisme russe en Afrique qu’un colonialisme transatlantique ou un prétendu nouveau colonialisme allemand ou encore un colonialisme aux côtés de la France. L’Afrique doit enfin être prise au sérieux en tant que continent souverain avec des Etats souverains. Il doit y avoir une coopération d’égal à égal et non un retour à l’époque néocoloniale », estime donc Andrej Hunko.
Les auteurs de la motion introduite au Bundestag argumentent en outre que le soutien croissant de la Russie à des régimes souvent autocratiques en Afrique a, dans de nombreux cas, « des conséquences dramatiques pour la population civile locale ».
Selon la CDU-CSU, l’influence de la Russie réduit les chances de réformes démocratiques et d’alternance pacifique du pouvoir. Le groupe conservateur critique le fait que le gouvernement fédéral n’ait pas encore présenté de stratégie claire pour réagir à cette question.
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