Maladie hémorroïdaire : les techniques efficaces

Fréquente, bénigne, elle est parfois invalidante. Son traitement doit être le moins invasif possible.

Paris Match. Faut-il différencier les hémorroïdes de la maladie hémorroïdaire ?
Docteur Jean-François Contou. Oui ! Les hémorroïdes externes (HE) et internes (HI) sont des structures anatomiques veineuses normales. Les HE dessinent sous la peau de la marge anale un réseau vasculaire peu visible, sans rôle précis. Les HI forment dans le canal anal un renflement spongieux qui varie de volume pour participer à la continence. La maladie hémorroïdaire (MH) est un désordre de ces structures. 1. La MH externe (MHE) s’exprime cliniquement par une excroissance périanale très douloureuse, due à l’inflammation des HE, avec souvent présence d’un caillot (thrombose). 2. La MH interne (MHI) n’est généralement pas douloureuse. Elle se manifeste, au passage des selles, par un saignement rouge clair sur le papier ou dans la cuvette. Les HI peuvent, sous l’effort, s’extérioriser ; leur réintégration dans le canal anal est facile (spontanée ou manuelle).

Un tiers de la population est à un moment de sa vie concerné par cette affection

Quels sont les facteurs favorisants de la MH et sa fréquence ?
Un tiers de la population est à un moment de sa vie concerné par cette affection, un peu plus les hommes que les femmes. Sa survenue est possible à tout âge pour la MHE, avec un pic entre 45 et 65 ans pour la MHI. Les troubles du transit, la constipation surtout, les excès de table (alcool, épices), les sports qui augmentent la pression abdominale, la vie génitale des femmes (grossesses, accouchements, règles) sont les facteurs favorisants les plus courants.

Parlez-nous des complications et de leurs traitements.
1. La douleur de la MHE s’estompe sans traitement en quatre à cinq jours en laissant parfois un repli cutané disgracieux (marisque). La guérison immédiate sans marisque est possible si un médecin réalise dans les soixante-douze premières heures et sous anesthésie locale une petite incision qui évacue le caillot et fait disparaître l’excroissance. L’œdème sans caillot est traité par anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) oraux et pommade corticoïde. Chez la femme enceinte ou qui allaite, on recourt aux corticoïdes oraux en cure brève. 2. La MHI se complique très rarement d’un prolapsus inflammatoire, qu’on traite par AINS.

À qui s’adresse le traitement purement médical ?
À tous les sujets symptomatiques ou l’ayant été ! Il cherche à réduire le traumatisme des selles. 1. Par des laxatifs non irritants, osmotiques (macrogol) et de lest (mucilages). 2. Une alimentation riche en fibres et en boissons avec magnésium. 3. Des topiques lubrifiants en suppositoires avant la selle ou en pommade après. L’efficacité des veinotoniques n’est pas prouvée. Point important : le caractère strictement hémorroïdaire des saignements doit avoir été expertisé par un médecin qui écartera d’autres causes.

Qui peut bénéficier d’un geste chirurgical ?
À peine 10 % des sujets symptomatiques, s’ils sont porteurs d’une MHI évoluée (saignements trop répétés, extériorisation mal réductible) et que le traitement médical a échoué. Les MHE (hors l’évacuation d’un caillot) sont rarement opérées. La MHI n’étant pas grave, son traitement doit être modulé. On opère résigné, quand on ne peut pas faire autrement. Avant ce stade, des méthodes instrumentales simples s’appliquent aux formes de moyenne intensité. La ligature élastique est la plus performante : bien tolérée, pratiquée au cabinet, elle consiste à aspirer le paquet hémorroïdaire pour le stranguler avec un élastique qui supprime sa vascularisation et initie une nécrose tissulaire qui sclérose et fixe les tissus en deux ou trois séances. Une kyrielle de techniques chirurgicales existe. La référence reste l’intervention de Milligan et Morgan : elle réalise l’excision pédiculaire totale des HI. Initialement pratiquée aux ciseaux, puis au bistouri électrique, elle a été récemment révolutionnée par un instrument de thermofusion (Ligasure) qui a simplifié le geste, devenu non hémorragique, et beaucoup réduit les douleurs postopératoires. D’autres techniques, pour des formes moins évoluées, proposent de détruire les HI par sonde de radiofréquence ou fibre laser : elles sont en cours d’évaluation. Certaines, enfin, privent les HI de leur vascularisation par ligatures et les laissent en place en les fixant par diverses sutures : elles sont certes mini-invasives mais source de récidives fréquentes.

Source: parismatch.com

1 Commentaire
  1. donfefs 10 mois ago

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