Mali : le journaliste français Olivier Dubois après près de deux ans de captivité est libre

Il était le seul otage français recensé dans le monde. Le journaliste français Olivier Dubois vient d’être libéré après près de deux ans de captivité au Mali. Le journaliste indépendant de 48 ans, qui vivait et travaillait au Mali depuis 2015, couvrait la tourmente sécuritaire traversée par le pays sahélien. Il avait annoncé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 5 mai 2021 sa captivité. Il était détenu par des hommes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. Olivier Dubois a été libéré avec l’humanitaire américain Jeffery Woodke, détenu, lui, par les djihadistes depuis 2016

« C’est énorme d’être là, d’être libre. Je ne m’attendais pas à cette libération. Je veux rendre hommage au Niger qui a un savoir-faire dans ce type de mission délicate et à la France. » Olivier Dubois  est enfin libre et il n’a pas caché son soulagement au micro de notre correspondante Anne-Fleur Lespiaut au Niger.

Il a atterri à l’aéroport de Niamey, enfin libre, accompagné de l’humanitaire américain Jeffery Woodke détenu, lui, depuis 2016.

 

Dans une vidéo le 5 mai 2021 , Olivier Dubois expliquait avoir été kidnappé le 8 avril 2021 à Gao, dans le nord du Mali, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. Le chef de cette alliance, le très redouté Iyad Ag Ghali, est derrière cet enlevement.

Qui sont les djihadistes derrière la captivité d’Olivier Dubois ?

Le GSIM est aujourd’hui la nébuleuse djihadiste la plus puissante au Sahel (JNIM en arabe). Elle a prêté allégeance à Al-Qaïda. En 2017, plusieurs groupes se sont en effet unis sous la même bannière. On y trouve Ansar Dine, crée en 2012 par Iyad Ag Ghaly, la katiba Macina, créée par Amadou Koufa en 2015 et Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique, dirigé par l’Algérien Droukdal jusqu’à sa mort, en juin 2020 au Mali, sous le feu de l’armée française.
 

Les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda se  concentrent essentiellement dans le Sahel (avec le GSIM, Groupe de soutien à l'islam et au musulmans) et la Corne de l'Afrique (avec les Shebab).<br />
 

Les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda se  concentrent essentiellement dans le Sahel (avec le GSIM, Groupe de soutien à l’islam et au musulmans) et la Corne de l’Afrique
 

Selon les forces françaises au Sahel, le GSIM regroupe plus de 2 000 à 3 000 hommes armés, une force supérieure à l’autre grande organisation djihadiste dans la région, l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). La force du GSIM est de regrouper plusieurs composantes du djihadisme dans la région, touareg, algérienne et peule.

L’humanitaire française Sophie Pétronin avait été également enlevée par des hommes associés à Al-Qaïda et sous le commandement de Iyad Ag Ghali, le 24 décembre 2016. Elle avait été libérée 4 ans plus tard, le 8 octobre 2020.

Le prédicateur peul Amadou Koufa, à gauche, dirige la katiba Macina très active dans le sud du Mali. Au centre, Iyad Ag Ghaly chef touareg est le patron du GSIM, Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. À droite, l'Algérien Abou Oubaïda Youssef al-Annab est devenu le numéro un d'Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Le prédicateur peul Amadou Koufa, à gauche, dirige la katiba Macina très active dans le sud du Mali. Au centre, Iyad Ag Ghaly chef touareg est le patron du GSIM, Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. À droite, l’Algérien Abou Oubaïda Youssef al-Annab est devenu le numéro un d’Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Olivier Dubois, présent au Mali depuis 2015, couvrait la situation sécuritaire dans le pays notamment pour le quotidien français Libération. La famille d’Olivier Dubois s’est fortement mobilisée pour sa libération. Des comités de soutien se sont mis en place en France mais également au Mali. La famille de l’otage avait ainsi envoyé le 5 août 2022 au président Emmanuel Macron une carte postale pour demander sa libération, à l’approche de ses 500 jours de captivité au Mali.

Mobilisation pour sa libération

La mère, la sœur et le beau-frère d’Olivier avait demandé à ceux qui voulaient le soutenir de se procurer « une carte postale respectueuse de son destinataire » et d’y écrire ce message : « Bonjour M. le président, quand Olivier Dubois, journaliste, rentrera-t-il en France ? 500 jours… Libérons Olivier Dubois ».

 

Des journalistes comme Florence Aubenas (ancienne journaliste à Libération détenue comme otage en Irak), Gilles Bouleau ou des artistes comme le groupe IAM se sont mobilisés pour sa libération.

Une pétition avait également été mise en ligne pour demander aux autorités françaises de tout faire pour la libération d’Olivier Dubois. Plus de 120 000 personnes ont signé cette pétition.

Et 42 sociétés de journalistes, dont celle de Libération, du Point et de Jeune Afrique, qui emploient Olivier Dubois, avaient publié lors de l’élection présidentielle de 2022, une lettre ouverte pour plaider sa cause. Elles demandaient que sa libération soit « une priorité » de celui ou celle qui serait élu(e) à la présidence de la République française.

Le gouvernement français ne cessait de répéter qu’il restait totalement engagé pour la libération du journaliste Olivier Dubois enlevé au Mali, après le retrait en août 2022 de la force Barkhane du Mali.

« Le retrait de l’opération Barkhane du Mali ne diminue en rien la mobilisation de la France pour faire libérer Olivier Dubois », avait dit devant la presse le porte-parole adjoint des Affaires étrangères, François Delmas.

La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, répétait le 10 décembre dernier : « Je voudrais que vous soyez convaincus d’une chose : nous faisons tout notre possible, pour permettre la libération d’Olivier Dubois, sa libération et de celle de tant et tant d’autres otages qu’on a dans le monde, ou de personnes retenues contre leur volonté et au mépris de toute justice. »

Les preuves de vie durant ces deux ans de captovité se sont fait rares mais ces dernières semaines selon RSF des signaux encourageants annonçaient une probable libération du journaliste français.

« Nous avions eu des nouvelles rassurantes à plusieurs reprises ces derniers mois, et encore très récemment : il semblait en bonne forme, mais la durée de sa captivité nous inquiétait », a commenté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, interrogé par l’AFP.

Quelles ont été les circonstances de sa libération ? Une rançon a-t-elle été versée aux ravisseurs ? Les autorités françaises n’ont pas communiqué sur les détails de sa libération pour l’instant.  Le président français Emmanuel Macron dans un tweet a tenu à remercier les autorités nigériennes pour la libération d’olivier Dubois.

TV5

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