Après plus de deux années de mesures draconiennes pour se protéger du Covid-19, la Chine se relève enfin. La croissance de son PIB devrait atteindre 3,8% en moyenne sur un an.
Elle l’avait annoncée et les chiffres semblent atteindre l’objectif. La Chine devrait annoncer mardi 18 avril un rebond de sa croissance au premier trimestre, le pays désormais libéré de ses restrictions sanitaires anti-Covid ayant largement redémarré son économie qui reste toutefois menacée sur plusieurs fronts, selon des experts. Le pays a levé en décembre ses draconiennes mesures contre le Covid-19, qui portaient depuis 2020 un rude coup à l’activité, en raison de confinements à répétition, de tests PCR quasi-obligatoires plusieurs fois par semaine et d’importantes restrictions aux déplacements. Un groupe de 11 experts interrogés par l’AFP table en moyenne sur une hausse de 3,8% sur un an du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale, sur la période janvier-mars.
Il y a un an, le PIB avait rebondi au premier trimestre malgré les soubresauts du Covid (+4,8%). Il s’était tassé en fin d’année (+2,9% au quatrième trimestre 2022). Pour la première fois depuis 2019, les chiffres officiels qui seront dévoilés mardi, avec une série d’autres indicateurs économiques, évalueront un trimestre complet sans l’impact de restrictions sanitaires. « La reprise est réelle mais elle n’en est qu’à ses débuts », souligne l’économiste Larry Hu, de la banque d’investissement Macquarie. « Elle sera graduelle, en grande partie à cause d’un manque de confiance » des consommateurs, qui alimente en retour une « réticence » des entreprises à davantage embaucher, relève M. Hu.
Immobilier fragilisé
Les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ont connu quatre mois de contraction avant de finalement rebondir en janvier-février. Les chiffres du mois de mars, qui seront publiés mardi, sont très attendus par les économistes. Ces dernières semaines, les Chinois retournent dans les restaurants, recommencent à prendre le train ou l’avion, contribuant à relancer les services. Mais « les ménages ont la mémoire longue et il leur faudra du temps pour oublier les difficultés » de ces dernières années et retrouver un niveau de dépenses pré-pandémie, estime l’économiste Harry Murphy Cruise, pour l’agence de notation Moody’s.
Et de relever que près de 60% des ménages en ville souhaitent davantage épargner qu’investir ou consommer, selon une enquête de la banque centrale chinoise. Ils étaient environ 45% avant la pandémie. La crise immobilière continue par ailleurs à « poser problème » à la croissance, souligne Teeuwe Mevissen, analyste chez RaboBank. L’immobilier, qui représente avec la construction environ un quart du PIB de la Chine, avait été un moteur clé de la reprise après la première vague épidémique en 2020.
Mais le secteur est fragilisé par une faible demande, au moment où de nombreux promoteurs luttent pour leur survie dans un contexte de méfiance et de baisse des prix de la pierre. La situation tend toutefois à s’améliorer partiellement avec un soutien des autorités au secteur, qui a permis une stabilisation des prix en mars, selon les derniers chiffres samedi du Bureau national des statistiques (BNS).
Tensions et inflation
Les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis, la menace de récession dans les principales économies et l’inflation au niveau mondial vont également peser ces prochains mois sur la croissance de l’atelier du monde, préviennent des analystes. La Chine vise 5% de croissance cette année, un objectif qui pourrait être difficile à atteindre, a averti le Premier ministre chinois Li Qiang.
Le chiffre officiel de la croissance en Chine, éminemment politique et sujet à caution, n’en reste pas moins toujours scruté de près compte tenu du poids du géant asiatique dans l’économie mondiale. Les experts interrogés par l’AFP tablent cette année sur une croissance en Chine de 5,3%, une estimation proche de celle du Fonds monétaire internationale (5,2%). L’an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l’objectif officiel de 5,5%, et à l’un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies.
AFP