Difficultés familiales et sociales, manque d’encadrement psychologique, consommation de stupéfiants accessibles dans les quartiers défavorisés, absence de valeurs morales, de liens solides et un champ politique anxiogène, tout cela génère des troubles psychologiques et des tentations suicidaires.
Décidément, les cas de suicide et de tentative de suicide ne cessent d’augmenter dans le gouvernorat de Kairouan, notamment dans les délégations de Haffouz et d’El Ala où lors des deux derniers mois, on a enregistré une dizaine de cas. Ceci étant, à tel point qu’une cellule de crise a été créée au sein du gouvernorat et des commissions ont été chargées d’établir un vrai diagnostic permettant d’identifier les causes psychologiques et socioéconomiques de ce fléau dévastateur.
Ça génère des tentations suicidaires
Au-delà d’un fait divers, ce phénomène sociétal semble toucher particulièrement des personnes vulnérables qui n’arrivent pas à surmonter leurs pensées compulsives, leur situation sociale misérable et leur manque de confiance en soi.
Rappelons dans ce contexte que le gouvernorat de Kairouan connaît un taux élevé de décrochage scolaire et de chômage, dans la mesure où on compte un grand nombre de jeunes qui ont effectué une formation, mais qui n’ont pas trouvé un emploi, car le nombre de postes est très limité au sein des 168 entreprises industrielles, dont 132 totalement exportatrices.
Opérant dans les secteurs des industries de composants automobiles, ainsi que le secteur du cuir et chaussures, ces entreprises fournissent uniquement 11.000 postes d’emploi dans un gouvernorat qui compte 700.000 habitants. C’est trop peu !
En outre, les difficultés familiales et sociales, le manque d’encadrement psychologique, la consommation de stupéfiants accessibles dans les quartiers défavorisés, l’absence de valeurs morales, de liens solides et un champ politique anxiogène, tout cela génère des troubles psychologiques et des tentations suicidaires.
Même les adultes ne sont pas épargnés
Chercheur en sociologie, Badreddine Ben Saïd nous explique que le phénomène du suicide touche surtout les jeunes âgés entre 11 et 18 ans, car l’adolescence est une période de vie extrêmement importante pour la construction de la personnalité. Or, elle se fait généralement dans la douleur et la souffrance. «Il est primordial que les adolescents trouvent un soutien continu et un accompagnement de parents et de l’institution éducative.
D’où l’importance de la cohésion familiale dans cet accompagnement : «Par le passé, les gens étaient pauvres, mais ne se suicidaient pas pour autant, car les liens sociaux et familiaux étaient très solides, ce qui permettait de franchir l’adolescence sans gros problème…».
Par ailleurs, ce triste fléau touche également des adultes désespérés et écrasés, sous le fardeau des frustrations et de l’échec. On citerait, comme exemple, le cas d’une jeune femme enceinte et âgée de 25 ans, originaire du village de Touila (délégation de Menzel Mhiri) et qui s’est immolée par le feu devant le siège du gouvernorat, et ce, pour protester contre le refus des responsables régionaux d’embaucher son mari, âgé de 40 ans, dans les chantiers temporaires.
Lassée des fausses promesses et des faux espoirs, elle a fini par craquer. Elle, qui s’apprêtait à donner la vie, a perdu la sienne par ce geste de désespoir.
lapressetunisienne