Contrairement à ce que laisse penser le film Vice-Versa, nos souvenirs ne disparaissent pas à jamais dans un coin sombre de notre cerveau. En fait, ceux datés d’avant nos trois ans seraient toujours là, quelque part, mais inaccessibles à notre conscience !
Un constat qui pourrait bouleverser notre compréhension de la mémoire et du développement du cerveau.
Premiers pas, premières phrases, premier carreau de chocolat…
Plusieurs études montrent ainsi que les souris juvéniles et les jeunes enfants peuvent former des souvenirs qui semblent disparaître avec le temps, mais peuvent être réactivés par des indices spécifiques.
Mais comment expliquer, en premier lieu, cette amnésie ? À ce jour, point de consensus.
Are your earliest childhood memories still lurking in your mind—or gone forever?
In this #SciencePodcast🎙️, Sara Reardon and @boron110 discuss ongoing experiments that aim to determine when the forgetting stops and why it happens in the first place. https://t.co/aBEvTqoZVM pic.twitter.com/WlU4c51ZHn
— Science Magazine (@ScienceMagazine) March 21, 2024
L’amnésie infantile : un phénomène encore mal expliqué
Pour certains, la faute est à mettre sur le compte de la neurogénèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux neurones dans le cerveau. Pendant les premières années de vie, lorsque la neurogenèse est à son maximum, les nouveaux neurones qui se forment pourraient « écraser » les souvenirs précoces, les rendant inaccessibles.
Pour d’autres, l’explication réside tout simplement dans le phénomène de maturation normal du cerveau : le cerveau subit des changements significatifs dans sa structure et sa fonction, et certains de ces changements pourraient influencer la formation, le stockage et l’accès aux souvenirs.
Enfin, une théorie suggère la fin d’une « période critique » de développement. Traduction : pendant les premières années, le cerveau est particulièrement malléable et sensible à l’expérience, et l’amnésie infantile marquerait la fin de cette période.
Mieux comprendre pour faire progresser la médecine… et les nouvelles technologies
Et elle ne se traduit pas n’importe comment, puisqu’elle semble affecter principalement certains types de mémoires – notamment les souvenirs contextuels et épisodiques, soit les souvenirs spécifiques d’événements et de situations précises comme, par exemple, un anniversaire ou une journée à la plage.
Les mémoires sémantiques et motrices – qui concernent respectivement la connaissance et la compréhension des faits et concepts ainsi que les compétences et habiletés motrices – semblent, elles, mieux conservées.
Le phénomène peut toutefois différer d’un individu à l’autre, notamment influencé par les événements traumatiques et stressants qui peuvent en partie l’inhiber… pour le pire, avec des conséquences négatives sur le bien-être émotionnel à long terme.
Mieux identifier et saisir les mécanismes à l’œuvre permettrait donc non seulement d’améliorer notre compréhension du développement cognitif et émotionnel, mais également d’apporter des réponses aux questions fondamentales sur la façon dont les souvenirs sont formés, stockés et oubliés par le cerveau humain.
Le but, à terme : mieux comprendre l’organe le plus mystérieux du corps humain, développer des traitements pour les troubles cognitifs affectant la mémoire, notamment les démences comme la maladie d’Alzheimer, et faire progresser de nouvelles technologies de la mémoire et de l’apprentissage, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et des neurosciences computationnelles.
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