« Cacher la misère aux yeux du monde » : 42 démantèlements de camps de migrants en trois mois à Paris, un record

Le collectif le Revers de la médaille affirme qu’entre mai et juillet, 42 campements de migrants à Paris et sa région ont été démantelés par les autorités, soient 2 572 personnes expulsées de leur lieu de vie informel. Un chiffre en nette augmentation par rapport à la même période de 2023 où 29 camps avaient été évacués. Le collectif estime que cette stratégie vise à « cacher la misère aux yeux du monde », à l’heure des Jeux olympiques de Paris 2024.

Alors que le monde s’émerveille sur l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, les associations d’aide aux migrants se montrent plus amères. Dans un communiqué publié jeudi 1er août, le collectif le Revers de la médaille, qui regroupe une centaine d’associations, révèle que les expulsions de campements à Paris et sa région n’ont jamais été aussi nombreuses.

Le collectif a dénombré 42 démantèlements de camps – représentant 2 472 migrants évacués – entre mai et juillet 2024, contre 29 à la même période de 2023.

Le Revers de la médaille a également comparé les expulsions de campements survenues pour le seul mois de juillet ces trois dernières années. Ainsi, il en a compté 17 en 2024 (pour 1 315 « personnes expulsées »), contre 13 en 2023 (1 165 personnes), 12 en 2022 (1 612 personnes) et seulement neuf en 2021 (716 personnes).

Augmentation des « mises à l’abri » en Ile-de-France
« Tandis que pratiquement aucune expulsion d’ampleur ne s’est déroulée en juin, la quinzaine précédent la cérémonie d’ouverture [des JO] a vu une très grande concentration d’opérations ciblées géographiquement sur les sites ‘d’exposition olympique’ (Paris et proche Seine-Saint-Denis) », signalent les associations.

Ces derniers mois, elles n’ont eu de cesse d’alerter sur ces démantèlements en série des campements, dont certains étaient installés sur, ou à proximité du tracé de la cérémonie d’ouverture du 26 juillet.

Parallèlement, toujours selon les chiffres du collectif, la part des personnes « mises à l’abri » a augmenté : 345 en 2021, contre 1 043 en 2024. Un changement de stratégie des autorités salué par les humanitaires mais qui fait grincer des dents.

« Comment cela se fait-il que ces places soient libres maintenant ?

Alors que jusqu’ici cette année, on nous disait toujours que c’était plein », s’étonnait mi-juillet à InfoMigrants Antoine de Clerck, membre du collectif. « Évidemment, ces ‘mises à l’abri’ sont une bonne chose pour les exilés, on ne le nie pas. Mais ça donne vraiment l’impression que les autorités se sont gardés les CAES [centres d’accueil et d’examen de la situation, ndlr] d’Ile-de-France sous le coude, juste avant les JO, pour vider les quais juste à temps ».

« Vaste politique de nettoyage social »
Après l’évacuation de deux campements mi-juillet, la cheffe de cabinet du préfet de la région d’Ile-de-France (Prif), avait assuré ne pas avoir « accéléré » les démantèlements de camp avant les Jeux. « On travaille régulièrement sur ce sujet, avec des opérations qui ont eu lieu toutes les semaines depuis des mois sur des petits campements », avait-t-elle assuré.

Un argument balayé par le Revers de la médaille : « En contradiction totale avec les déclarations publiques de la Préfecture de Paris et d’Ile-de-France, ces chiffres montrent qu’on ne se situe nullement dans des ‘opérations habituelles de mise à l’abri’, ‘qui auraient eu lieu JO ou pas JO’, dans un but humanitaire (…), mais bien dans une vaste politique de nettoyage social, pensée et orchestrée pour cacher la misère aux yeux du monde », peut-on lire dans leur communiqué.

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