Corée du Sud : mandat d’arrêt contre le président déchu Yoon et perquisition au siège du contre-espionnage

(FILES) This handout from the South Korean Presidential Office taken on December 3, 2024 shows South Korean President Yoon Suk Yeol delivering a speech to declare martial law in Seoul. A South Korean court has issued an arrest warrant for impeached, suspended President Yoon Suk Yeol, investigators said on December 31, 2024, over his short-lived bid to impose martial law on the country. (Photo by Handout / South Korean Presidential Office / AFP) / -----EDITORS NOTE --- RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO /SOUTH KOREAN PRESIDENTIAL OFFICE " - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS

C’est la première fois dans l’histoire de la Corée du Sud qu’un président en exercice est visé par un mandat d’arrêt, Yoon Suk Yeol étant toujours officiellement en poste en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur sa destitution

Un tribunal sud-coréen a émis mardi un mandat d’arrêt contre le président déchu Yoon Suk Yeol, pour le forcer à comparaître devant les enquêteurs qui veulent l’interroger sur sa tentative ratée d’imposer la loi martiale. « Aucun calendrier n’a été établi pour la suite des procédures », précise le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations.

C’est la première fois dans l’histoire de la Corée du Sud qu’un président en exercice est visé par un mandat d’arrêt, Yoon Suk Yeol étant toujours officiellement en poste en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur sa destitution, adoptée le 14 décembre par l’Assemblée nationale. Il est actuellement suspendu de ses fonctions, la Cour devant confirmer ou infirmer sa destitution d’ici la mi-juin.

Tentative de loi martiale
Yoon Suk Yeol avait sidéré le pays le 3 décembre en proclamant par surprise la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement afin de le museler. Il avait été obligé de faire marche arrière avant l’aube le lendemain sous la pression des députés et de milliers de manifestants.

La nuit de la courte loi martiale, Yoon Suk Yeol avait autorisé l’armée à ouvrir le feu pour forcer l’entrée du Parlement et traîner dehors les élus qui s’y étaient réunis en urgence, selon un rapport de dix pages du parquet.

Ce soir-là Yoon Suk Yeol avait justifié sa décision choc par sa volonté de protéger la Corée du Sud des « forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État », accusant l’opposition majoritaire au Parlement de bloquer le pays. D’après le rapport du parquet, il aurait discuté de ce plan avec des hauts responsables militaires dès mars.

Un nombre suffisant de députés étaient parvenus à voter la levée de la loi martiale et Yoon Suk Yeol avait dû l’abroger, obligé par la Constitution.

Une première
La Corée du Sud est depuis le 3 décembre plongée dans un chaos politique qui s’est poursuivi avec la destitution vendredi par l’Assemblée du président intérimaire, Han Duck-soo, accusé d’entraver les investigations contre Yoon Suk Yeol. Une autre première dans l’histoire de cette jeune démocratie.

Le président Yoon Suk Yeol a été destitué samedi. La Cour constitutionnelle doit maintenant confirmer ou non cette décision
Le ministre des Finances Choi Sang-mok a pris le relais en tant que deuxième remplaçant mais s’est vite retrouvé confronté à une catastrophe, avec le crash d’un avion dimanche à Muan (sud-ouest) ayant fait 179 morts sur les 181 passagers, le pire accident aérien sur le sol sud-coréen.

Yoon Suk Yeol est quant à lui sous le coup d’enquêtes, notamment pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort, et a interdiction de quitter le territoire. Même si un mandat d’arrêt a bien été délivré, il n’est pas certain que les autorités puissent effectivement se saisir de Yoon Suk Yeol, ses services de sécurité ayant déjà fait obstruction à trois perquisitions, pourtant sur mandat.

L’ex-procureur star de 64 ans a ignoré à trois reprises des convocations pour être interrogé sur son coup de force.

Un responsable du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités a évoqué mardi ces refus répétés de Yoon Suk Yeol pour justifier sa requête. « Le mandat est valide jusqu’au 6 janvier (lundi matin) ».

La garde présidentielle a assuré qu’elle agirait « dans le respect des procédures légales ». Techniquement, tout individu s’opposant à l’exécution d’un mandat d’arrêt peut être appréhendé.

Perquisitions au contre-espionnage
Le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) a également annoncé mardi être en train de perquisitionner au siège du contre-espionnage militaire.

« Le mandat d’arrêt et le mandat de perquisition et de saisie émis sur demande d’une agence qui n’a pas autorité en matière d’enquête sont illégaux et invalides », a pour sa part dénoncé Yoon Kab-keun, avocat de Yoon Suk Yeol.

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